Covid-19 : le risque de nouveaux variants accru




Après la levée des mesures « zéro Covid » en Chine, le pays fait face à une multiplication des cas : alors que le gouvernement a cessé de publier le nombre de cas quotidiens, les responsables de plusieurs villes estiment que des centaines de milliers de personnes ont été récemment infectées, tandis que les hôpitaux et les crématoriums sont débordés à travers le pays.

Aussi, le virus étant désormais libre de circuler en Chine, qui compte près d’un cinquième de la population mondiale, plusieurs pays et experts craignent que le pays ne devienne un terrain fertile pour l’émergence de nouveaux variants. D’autant que la population chinoise reste peu vaccinée.

Chaque nouvelle infection augmente les chances que le virus ne mute, estime ainsi Antoine Flahault, directeur de l’Institut de santé globale de l’Université de Genève. « Le fait que 1,4 milliard de personnes soient soudainement exposées au Sars-CoV-2 crée évidemment des conditions propices à l’émergence de variants », a-t-il ainsi expliqué à l’Agence France-Presse (AFP). Bruno Lina, professeur de virologie à l’université de Lyon, en France, a quant à lui déclaré au journal La Croix : « Vu l’intense circulation du virus, et donc le risque accru de mutations, un vivier potentiel de virus pourrait émerger de Chine. »

Soumya Swaminathan, qui a été scientifique en chef de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) jusqu’en novembre, a aussi indiqué qu’une grande partie de la population chinoise était vulnérable, en partie parce que de nombreuses personnes âgées n’ont pas été vaccinées. « Nous devons surveiller de près toute émergence de variants préoccupants », a-t-elle déclaré au site Web du journal Indian Express.

Contrôles aux frontières

La Chine vient d’annoncer la fin le 8 janvier des quarantaines obligatoires à l’arrivée dans le pays, dernier vestige de la politique de restrictions strictes qui ont maintenu le pays largement fermé au monde depuis le début de la pandémie. En réponse à la flambée des cas, les États-Unis, l’Italie, le Japon, l’Inde et la Malaisie ont indiqué cette semaine qu’ils allaient renforcer leurs contrôles aux frontières. Washington va exiger un test Covid négatif à partir du 5 janvier pour tous les voyageurs venant en avion de Chine.

Le gouvernement français, qui assure « suivre très attentivement l’évolution de la situation », s’est dit « prêt à étudier toutes les mesures utiles ».

L’Inde et le Japon vont imposer des tests PCR obligatoires à tous les passagers en provenance de Chine, une mesure qui, selon Antoine Flahault, pourrait être un moyen de contourner tout retard dans les informations venant de Pékin. « Si nous réussissons à échantillonner et à séquencer tous les virus identifiés chez tous les voyageurs en provenance de Chine, nous saurons presque aussitôt si de nouveaux variants émergent et se propagent » dans le pays, a-t-il déclaré.

Xu Wenbo, le chef de l’institut de contrôle des virus au Centre chinois de contrôle et de prévention des maladies, a assuré que les hôpitaux du pays collecteraient des échantillons provenant de patients et téléchargeraient les informations de séquençage dans une nouvelle base de données nationale, ce qui permettra aux autorités de surveiller les nouvelles souches en temps réel.

« Soupe » de variants

Plus de 130 nouveaux sous-lignages du variant Omicron ont été détectés en Chine au cours des trois derniers mois, a-t-il déclaré la semaine dernière. Parmi eux, XXB et BQ.1 et leurs propres sous-lignages, qui se sont propagés aux États-Unis et dans certaines parties de l’Europe ces derniers mois alors qu’un essaim de sous-variants se disputait la domination dans le monde entier. Cependant, BA.5.2 et BF.7 restent les principales souches d’Omicron détectées en Chine, a déclaré Xu Wenbo, ajoutant que les différents sous-lignages vont probablement co-circuler.

« Une soupe » de plus de 500 nouveaux sous-variants d’Omicron a été identifiée ces derniers mois, a rappelé Antoine Flahault. « Tous les variants, lorsqu’ils sont plus transmissibles que les variants dominants auparavant – tels que BQ.1, B2.75.2, XBB, CH.1 ou BF.7 – représentent définitivement des menaces, car ils peuvent provoquer de nouvelles vagues », a déclaré l’épidémiologiste.

« Aujourd’hui, aucun de ces variants ne semble présenter de nouveaux risques particuliers de symptômes plus graves, mais cela pourrait être le cas de nouveaux variants dans un futur proche », a-t-il ajouté.




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