Deux otages français libérés d’Iran


Le touriste Benjamin Brière et le consultant Bernard Phelan sont sortis de prison et ont pu quitter la République islamique. La fin d’un long calvaire.








Par Armin Arefi


Les Francais Benjamin Briere (a gauche) et Bernard Phelan (a droite) ont ete liberes d'Iran.
Les Français Benjamin Brière (à gauche) et Bernard Phelan (à droite) ont été libérés d’Iran.
© SAEID DEHGHAN’S TWITTER ACCOUNT / AFP- FAMILY HANDOUT / AFP

Le supplice iranien de Benjamin Brière s’achève enfin. Après trois années de détention dans la sinistre prison Vakilabad de Machhad, dans le nord-est de l’Iran, le touriste français a été libéré jeudi 11 mai et a pu quitter l’Iran ce vendredi.

Arrêté en mai 2020 alors qu’il manipulait un drone de loisir dans un parc naturel de la région, ce ressortissant de 37 ans qui réalisait le tour du pays en van avait été condamné en janvier 2022 à huit ans et huit mois d’emprisonnement pour « espionnage » et « propagande » contre la République islamique par un tribunal révolutionnaire. Mais sa peine avait été par la suite annulée, et le Français blanchi de toutes les charges pesant contre lui par un tribunal d’appel en février dernier. Cela n’avait pas empêché les gardiens de la Révolution, l’armée idéologique de la République islamique, de le garder enfermé en prison.

À LIRE AUSSIPourquoi l’Iran cible la FranceBenjamin Brière a été libéré en compagnie d’un autre codétenu, le Franco-Irlandais Bernard Phelan, avec qui il partageait sa cellule de prison. Cet homme de 64 ans, qui se trouvait en Iran dans le cadre de ses activités de consultant en tourisme, a été quant à lui arrêté le 3 octobre dernier en pleine répression des manifestations antirégime. Reconnu coupable de « fournir des informations à un pays ennemi », ce qu’il a toujours nié, le binational a été condamné en février dernier à trois ans et demi de prison, mais le tribunal qui le jugeait avait précisé qu’il bénéficierait d’une grâce pour raisons humanitaires en raison de son âge avancé et de sa santé vacillante. Souffrant de problèmes cardiaques et d’une pathologie aux os, le sexagénaire avait vu son état se dégrader gravement en détention, allant jusqu’à engager son pronostic vital.

Monnaies d’échange

Pour dénoncer leur détention arbitraire, les deux prisonniers n’ont pas hésité à recourir à plusieurs reprises à la grève de la faim. Leur détermination a fini par payer. Accueillis à leur sortie de prison par les services diplomatiques français, ils ont été conduits le jour même dans un hôpital de Machhad pour y être examinés, avant de partir pour Téhéran. Ils ont été rapatriés en France par avion ce vendredi. D’intenses tractations diplomatiques ont eu lieu autour de leur cas, soulignant l’aspect éminemment politique de cette affaire. Depuis leur arrestation, les deux Français étaient considérés par la République islamique comme des monnaies d’échange visant à faire pression sur l’Hexagone pour obtenir en retour de concessions de Paris. Objectif : limiter la marge de manœuvre des autorités françaises dans leurs critiques de la répression gouvernementale en Iran, mais aussi obtenir la libération d’Assadollah Assadi, un diplomate-espion iranien condamné à 20 ans de prison en Belgique pour un projet d’attentat à Villepinte, et que Téhéran veut récupérer à tout prix.

À LIRE AUSSILe grand marchandage des Français détenus en IranCe dernier pourrait bientôt être transféré en Iran en échange d’Olivier Vandecasteele, un humanitaire belge condamné à 40 ans de prison à Téhéran pour « espionnage », à la faveur d’un traité de transfèrement mutuel de condamnés entre la Belgique et l’Iran, entré en vigueur le 18 avril dernier. Quatre autres Français sont actuellement détenus en Iran. Il s’agit des touristes Cécile Kohler et Jacques Paris, syndicalistes enseignants en France, emprisonnés depuis le 7 mai 2022, du voyageur Louis Arnaud, arrêté le 28 septembre 2022 à Téhéran, et d’un quatrième ressortissant dont la famille préfère taire le nom. Une cinquième citoyenne française, la chercheuse Fariba Adelkhah, a été libérée de prison le 10 février dernier après avoir été graciée. Mais elle ne peut toujours pas quitter la République islamique.


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