Ecoalf, quand la mode émerge




Ne plus émettre de CO2 à l’horizon 2030, voilà l’objectif ambitieux que s’est fixé Ecoalf, label mode et lifestyle reconnu pour son engagement en faveur de la protection de l’environnement. L’intention est d’autant plus louable que le textile d’habillement est en en bonne position sur le podium des industries les plus émettrices de gaz à effet de serre. En moyenne, ce sont 1 104 litres d’eau gaspillés pour la production d’un seul te-shirt en coton contre seulement 20 litres pour un tee-shirt 100 % recyclé. Ce message, la marque espagnole le martèle sur les murs de ses magasins, eux-mêmes éco-conçus, répartis sur trois continents, de Mexico à Tokyo, en passant par Paris et Milan.

Exemple dans sa nouvelle boutique éphémère du cossu Passeig de Gracia à Barcelone, où elle revendique 6 300 tonnes de CO2 et 27 milliards de litres d’eau économisés, tous produits confondus, au cours de l’année écoulée. Pour parvenir à ces résultats, Ecoalf revisite de A à Z sa filière de production.

Depuis 2015, 10 % de la vente de certaines gammes de produit servent à fortifier la Fondation Ecoalf – Upcycling the Ocean, une ONG à but non lucratif qui encourage le recyclage de déchets océaniques partout dans le monde, au travers d’actions concrètes. « Nous venons de lancer notre programme de collecte en Égypte au mois de décembre, » se réjouit Andrea Ruzo, à la tête de l’initiative qui a cours aujourd’hui dans 5 pays et 72 ports, dont certains sur les côtes bretonnes et du sud de la France.

Recyclage et fil marin

Cette manageuse experte, confrontée aux problématiques socioenvironnementales lors d’un passage en Inde au début des années 2010, a pour mission de rassembler et de sensibiliser des pêcheurs du monde entier afin de les encourager à récolter les déchets océaniques qu’ils pêchent involontairement lors de leurs sorties en mer. « Aujourd’hui, près de 4 000 volontaires nous ont rejoints, dont la plupart rejetaient systématiquement les déchets saisis dans leurs filets de pêche à la mer, » se félicite Andrea Ruzo, qui entend faire croître cette communauté.

Pour les accompagner dans cette tâche, Ecoalf a installé des conteneurs à l’entrée de chacun des ports partenaires. Chaque semaine, les déchets plastiques récoltés sont récupérés par des organismes chargés de les trier puis de les recycler en fil de mer, dont la marque réserve 10 % pour la fabrication de certains vêtements, chaussures et accessoires. « Notre rôle est d’encourager ces pratiques vertueuses et de rendre visibles les membres de cette communauté, qui ne ménagent pas leurs efforts. Ils sont les pierres angulaires de notre projet. »

Volontaire et engagée

Parmi eux, Myriam Artacho, l’une des rares femmes de ce secteur particulièrement testostéroné, aussi souriante qu’énergique, fait partie des figures de proue du programme. Cette ancienne garde forestière, qui a pris la mer en 2017, après que son mari pêcheur souffrant d’une maladie oculaire a été contraint de lui passer le gouvernail, navigue au large de la Costa Brava, depuis le port d’Arenys del Mar à bord de son modeste chalutier, le bien nommé « Mini One ».

Chaque jour sans exception, elle ramasse dans ses filets une quantité impressionnante de déchets en tout genre et de toute taille : balles de golf, urnes mortuaires, outils de jardin, sans oublier des dizaines de bouteilles en plastique ; récoltes qu’elle partage sur son compte Instagram @masquepescadores dans une optique de sensibilisation. « Pendant la pandémie de Covid- 9, j’ai eu l’espoir que les choses changent, mais elles n’ont fait qu’empirer, regrette la pêcheuse. Si je suis consciente que nos efforts ont un impact minime, il est essentiel de poursuivre la lutte et d’encourager un maximum de camarades à nous rejoindre. »

D’un slogan à une marque

Avec son slogan aux airs de manifeste, « Because there is no planet B » – la même sentence prononcée par Emmanuel Macron tout juste élu en 2018 devant le congrès américain –, la marque, désignée entreprise la plus vertueuse d’Espagne en 2022 et 2023, a également vu ses efforts récompensés par l’obtention de la très sérieuse certification B Corp, au terme de plus d’un an d’audit.

Des distinctions à mettre au crédit de Javier Goyeneche, le fondateur d’Ecoalf. « Chacun d’entre nous à son échelle a le devoir de transmettre une planète plus vertueuse aux futures générations. » Ce quinquagénaire au look de playboy, qui justifie son engagement en évoquant ses enfants Alfredo et Alvaro, dont les prénoms ont inspiré celui de sa marque, s’est converti à l’écoresponsabilité après un début de carrière à la tête d’une marque d’accessoires de mode basique.

Depuis son QG madrilène, et avec le concours de 80 collaborateurs pleinement engagés, il multiplie les démarches pour atteindre ses objectifs de décarbonation. Après le lancement des lignes de prêt-à-porter, chaussures et accessoires pour femme, homme et enfants, l’enseigne outdoor s’est diversifiée dans les articles de sport (course à pied, vélo, surf, yoga, padel…) et tout récemment dans les cosmétiques green. Une gamme complète à retrouver dans le flagship Ecoalf de Madrid.

La boutique, installée au rez-de-chaussée d’un ancien palais cossu du quartier de Chueca, remis au goût du jour par l’architecte Lorenzo Del Castillo, tout en matériaux recyclés est la parfaite incarnation de l’ADN Ecoalf. Pour appuyer encore davantage son propos, la marque a fait installer par la mairie de larges bacs de tri sélectif devant ses vitrines. Un symbole, certes, mais qui a le mérite du concret et de la sobriété.






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