Edouard Philippe veut renégocier l’accord avec l’Algérie


L’ex-Premier ministre s’est exprimé dans L’Express sur la question migratoire et a notamment remis en cause un accord avec l’Algérie vieux de 55 ans.






par M.I. avec AFP


L'ancien Premier ministre se dit << tres en soutien des propositions formulees par Gerald Darmanin et Olivier Dussopt >> sur l'immigration.
L’ancien Premier ministre se dit « très en soutien des propositions formulées par Gérald Darmanin et Olivier Dussopt » sur l’immigration.
© LUDOVIC MARIN / AFP

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Depuis 1968, la France et l’Algérie ont un accord concernant les flux migratoires. Ce dernier organise l’entrée, le séjour et l’emploi des Algériens en France, selon des règles dérogatoires au droit commun. Sur certains points, les Algériens sont favorisés par rapport aux autres étrangers (notamment en matière de regroupement familial), sur d’autres ils sont perdants (notamment pour les étudiants). Dans un entretien à L’Express, publié ce lundi 5 juin, Edouard Philippe remet en cause cet accord, évoque une renégociation possible et distille plusieurs prises de position contre une « immigration du fait accompli », alors que le sujet agite la majorité et la droite.

Ce texte « détermine complètement le droit applicable à l’entrée et au séjour des ressortissants algériens, avec des stipulations qui sont beaucoup plus favorables que le droit commun. C’est une particularité très nette. Aucun ressortissant d’un autre État ne bénéficie de tels avantages », déclare l’ancien Premier ministre.

À LIRE AUSSIAccord de 1968 sur l’immigration : « Les Algériens rient de notre naïveté »« Bien entendu, il y a des relations historiques extrêmement puissantes entre la France et l’Algérie, mais le maintien aujourd’hui d’un tel dispositif avec un pays avec lequel nous entretenons des relations compliquées ne me paraît plus justifié », poursuit Edouard Philippe.

Dans cet entretien, le président d’Horizons évoque une « immigration du fait accompli » en France, avec « une accélération très forte de l’augmentation du nombre d’étrangers » depuis le début des années 2000. Et « la provenance géographique des étrangers, elle aussi, a changé », avec une plus grande proportion d’étrangers provenant d’Afrique du Nord et d’Afrique subsaharienne.

« Pendant cette période, la population française a augmenté de 9 % et le nombre d’étrangers a augmenté de 53 %. Et rien dans cette évolution ne correspond à un choix politique ou à une décision que nous aurions prise », poursuit le maire du Havre.

Intégration, islam et travail

Edouard Philippe s’attaque à « trois non-dits » en matière d’immigration : « d’abord, on dit qu’on veut moins d’étrangers en France mais lorsqu’un certain nombre de nos concitoyens le disent, ils visent en réalité des personnes qui sont françaises, parfois depuis trois générations. Ce n’est pas le contrôle de l’entrée des étrangers en France qui réglera ce problème. C’est un sujet d’intégration, d’éducation, de civisme ». « Le deuxième non-dit concerne l’islam », devenu « un sujet central, un sujet inquiétant, un sujet obsédant ».

« Enfin, il y a le non-dit du travail. Beaucoup de Français trouvent qu’il y a trop d’étrangers en France, mais dans les restaurants parisiens, dans l’industrie touristique, dans le secteur agricole, dans toute une série de secteurs économiques qui ne sont pas en crise et qui sont indispensables à la réussite française, on se repose sur un nombre d’étrangers tout à fait impressionnant », développe Edouard Philippe.

À LIRE AUSSI« L’immigration n’est pas au cœur des revendications des gens »L’ancien Premier ministre se dit « très en soutien des propositions formulées par Gérald Darmanin et Olivier Dussopt », alors que l’exécutif cherche les voies d’une majorité parlementaire avec LR sur le volet immigration. « Cette loi est nécessaire, mais je sais qu’elle n’est pas suffisante », précise-t-il néanmoins.

Il se dit « opposé à toute régularisation massive et favorable au principe proposé par Olivier Dussopt : permettre à des gens exerçant des activités professionnelles dans des secteurs où l’intérêt national commande de pouvoir continuer à le faire. Je préférerais que cette régularisation se fasse au cas par cas ».

Edouard Philippe dit comprendre « l’objectif poursuivi par LR », qui veut modifier la Constitution afin de pouvoir déroger au droit européen et international, mais « cette proposition n’est pas satisfaisante dans ses modalités. Elle serait interprétée pour ce qu’elle est, c’est-à-dire une forme de Frexit juridique ».




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