en un an, la contrefaçon est devenue légion en Russie


Quand l’Union européenne imposait des sanctions économiques à la Russie, Moscou « légalisait » la contrefaçon sur son sol. Depuis, les faux produits pullulent.






Par Benoît Leroy pour LePoint.fr


Louis Vuitton, comme de nombreuses autres entreprises occidentales, a quitte la Russie... mais certains produits arborant sa << marque >> y restent presents.
Louis Vuitton, comme de nombreuses autres entreprises occidentales, a quitté la Russie… mais certains produits arborant sa « marque » y restent présents.
© PAVEL PAVLOV / ANADOLU AGENCY / Anadolu Agency via AFP

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Depuis le printemps 2022, de nombreuses marques ont décidé de quitter – temporairement ou définitivement – le sol russe, à la suite du déclenchement de la guerre par Moscou. Après un an de conflit armé, il devrait donc être impossible de trouver des produits de luxe de marques européennes dans les rayons russes, comme les médicaments ou les produits de grande consommation. Et pourtant, selon une enquête du média spécialisé dans le secteur du luxe Glitz, c’est loin d’être le cas. La cause ? Un changement de la législation sur la contrefaçon, depuis mars 2022.

En effet, depuis le 7 mars 2022, les entités – sociétés ou personnes physiques – dont les produits seraient contrefaits sur le sol ne sont plus indemnisées. La décision russe était intervenue après que l’Union européenne a décidé de plusieurs paquets de sanctions économiques. Cette mesure concerne toutes les étapes de la commercialisation : l’importation, l’exportation et la vente. Concrètement, la contrefaçon est toujours interdite en Russie, du moins sur le papier. Ce qui a changé, c’est que le vol de brevet n’est plus illégal.

Selon nos confrères de BFM Business, la réalité sur le terrain est bien différente. En effet, il n’est pas rare que les douaniers russes autorisent l’entrée de produits contrefaits dans le pays. Concrètement, sur l’ensemble du volume de contrefaçons, une partie est vendue en Russie lorsque l’autre est exportée vers d’autres régions et pays.

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La contrefaçon, une culture russe ?

Cette accusation semble corroborée par un élément chiffré et totalement public. Rien que sur le mois de mai 2022, les exportations turques en Russie ont augmenté de 46 % par rapport à l’année précédente. En octobre 2022, les exportations russes avaient doublé. Or, selon une estimation des douaniers européens datant de mars 2019, la Turquie est l’un des principaux stocks de contrefaçons dans le monde, juste derrière l’Asie. Par exemple, en 2019, elle représentait 19 % du volume des contrefaçons entrées dans l’Union européenne. Moscou peut aussi compter sur des pays alliés pour faire entrer ces faux produits : la Biélorussie, le Kazakhstan, l’Arménie ou bien encore le Kirghizistan.

Outre les produits de luxe, ce phénomène toucherait également les médicaments et même les produits de grande consommation vendus dans les hypermarchés. Cette pratique est loin d’être nouvelle en Russie. En 2011, selon l’agence de presse russe Ria-Novosti, les contrefaçons représentaient « 15 à 30 % des produits cosmétiques, de la parfumerie, des vêtements, des produits d’entretien et des denrées alimentaires ». On retrouve, aussi, la liste des principaux pays qui fournissaient la Russie en faux produits à l’époque : la Chine, l’Inde, la Turquie, la Pologne… ou encore l’Ukraine.




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