Eolien en mer : le plan du gouvernement pour accélérer la cadence


Après des années d’attente, l’éolien en mer a franchi en 2022 une étape cruciale, avec le lancement du premier parc offshore français, au large de Saint-Nazaire. Mais ces 80 éoliennes opérées par EDF, à une quinzaine de kilomètres des côtes, pèsent peu pour faire revenir la France dans la cour des grands en Europe, en matière d’électricité éolienne produite en mer.

Selon les chiffres du syndicat professionnel Wind Europe, la France se classe derrière l’Allemagne, les Pays-Bas, le Danemark et même la Belgique en capacités de production installées. Elle dispose pourtant de la deuxième surface maritime d’Europe. Mais les projets français mettent trop de temps à émerger.

Changer de méthode

En cumulé, tous les projets lancés en France depuis 2008 permettront d’afficher un total de 3,6 GW de parc en mer d’ici à 2028. Il faudra donc largement accélérer la cadence pour tenir l’ambitieuse feuille de route fixée par Emmanuel Macron, qui vise 40 GW d’éolien offshore en France d’ici 2050. Pour y parvenir, le gouvernement veut changer de méthode.

« Avec Hervé Berville, nous lançons une planification par grande façade maritime pour l’éolien marin, afin de recenser les zones les plus appropriées au développement des projets. Mon objectif est de déployer une méthode pour massifier les appels d’offres futurs, avec une feuille de route très claire », fait valoir la ministre de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher.

L’​exercice est sur la rampe de lancement. « Avec Christophe Béchu et Hervé Berville, je vais saisir la Commission nationale du débat public et nous travaillons avec les préfets pour engager les dialogues sur les planifications maritimes de façades », détaille la ministre.

Les projets éoliens ne seront donc plus débattus un à un, avec les riverains, pêcheurs et autres usagers de la mer, mais dans leur globalité, dans le cadre d’un unique débat public pour chaque façade maritime.

Un modus operandi qui doit permettre d’anticiper les points de blocage et d’ouvrir la voie à des appels d’offres de plus grande taille, comme le font déjà la plupart des autres pays européens.

Plus de volumes attribués

« Pour la suite, il faut modifier les appels d’offres avec des volumes attribués plus importants en une seule fois. Ces derniers pourraient être attribués sous forme de lots, avec des clauses qui limitent le nombre de lots par candidat », plaide de son côté Emmanuelle Wargon, présidente de la Commission de régulation de l’énergie. Une manière de faire de la place à d’autres acteurs… qu’EDF.

Pour la filière des énergies renouvelables, ces « big bids » (comme les appellent les Anglo-Saxons) sont très attendus. « Compte tenu de l’ampleur et de la durée des procédures à engager pour concourir à un projet, autant qu’il soit de grande taille », pointe l’un d’entre eux.

Mais pour accélérer la cadence, bien d’autres sujets devront aussi être tranchés. A titre d’exemple, il a fallu près de deux ans d’échanges entre le régulateur et les candidats pour désigner EDF lauréat du parc normand. Pour compresser ces délais, plusieurs pistes sont envisagées : « On pourrait se passer de la phase de dialogue compétitif et engager directement la phase d’appels d’offres », pointe Emmanuelle Wargon.

La méthode française pour octroyer des projets est aussi discutable. Aux Etats-Unis et au Royaume-Uni, les opérateurs développent leurs parcs éoliens grâce à des concessions et se voient octroyer ou pas un tarif garanti de vente de leur électricité. Au Danemark et aux Pays-Bas, les appels d’offres sont plébiscités comme en France, mais ces derniers sont délivrés avec les permis de construire, ce qui n’est pas le cas dans l’Hexagone. « Nous sommes au milieu du gué et les projets prennent trop de temps à voir le jour », plaide un autre énergéticien.



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