État, banques, Airbnb, propriétaires… qui est responsable de la crise du logement ?

Dans un sondage Cluster 17 pour « Le Point », les Français se divisent sur la manière d’identifier et de régler les causes du mal-logement.
Par Kevin Brookes*

© Vincent Isore/MaxPPP/IP3 Press
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Le constat fait consensus : 89 % des Français considèrent qu’il est difficile de louer un logement et 92 % qu’il est difficile d’accéder à la propriété. Si les Français sont d’accord pour dire qu’il n’a jamais été aussi compliqué de se loger, le dernier sondage de l’Institut Cluster 17 pour Le Point fait apparaître des clivages importants entre les électeurs de droite et de gauche dès lors qu’il s’agit de désigner un responsable ou de trouver des solutions…
Les électeurs de Jean-Luc Mélenchon sont en effet plus nombreux à pointer du doigt les Français les plus fortunés qui investissent dans des résidences secondaires (22 %, soit deux fois plus que la moyenne), tandis que les électeurs de Marine Le Pen et Éric Zemmour préfèrent accuser l’État (40 %).
À LIRE AUSSI L’encadrement des loyers, cadeau empoisonné pour les locataires ? Sur le plan des solutions préférées pour résoudre cette crise, ceux qui ont voté pour des candidats de droite et de droite radicale à la dernière élection privilégient prioritairement la simplification de l’accès au crédit : 40 % chez les électeurs de Zemmour, 30 % chez ceux de Le Pen, 26 % chez ceux de Valérie Pécresse. Les électeurs de gauche privilégient quant à eux des mesures plus restrictives et interventionnistes, comme l’encadrement des loyers.
Cette politique, qui a pourtant démontré son inefficacité dans les endroits où elle a été appliquée – comme Londres ou San Francisco –, est malgré tout considérée par 23 % des électeurs de Jean-Luc Mélenchon comme une mesure prioritaire. D’autres mesures, souvent évoquées par les dirigeants publics comme l’idée de plan de rénovation énergétique, ou la construction de davantage de logements sociaux, ne sont pas considérées comme des mesures prioritaires par les Français.
Deux obstacles principaux
Une très large majorité des personnes sondées en recherche d’un logement éprouvent des difficultés à en trouver un. Signe de cette difficulté : seuls 25 % des locataires envisagent d’acheter un logement dans les deux prochaines années. Cette absence de projection transcende d’ailleurs les frontières partisanes et sociales. Tout le monde, ou presque, est d’accord pour considérer qu’il est difficile de se loger en France, propriétaires et locataires confondus.
Ceux qui souhaitent devenir propriétaires signalent deux obstacles principaux : les prix (54 %) et les taux d’emprunt (48 %) trop élevés. Les deux tiers des répondants sont déjà propriétaires de leur logement, proportion qui varie fortement en fonction du candidat soutenu à l’élection présidentielle de 2022. On retrouve la plus grande proportion de propriétaires chez les électeurs de Valérie Pécresse (83 %) et la plus faible chez les électeurs de Jean-Luc Mélenchon (54 %).
En dépit du consensus sur les difficultés à se loger, les électeurs de droite et de gauche ne se retrouvent pas autour d’une solution consensuelle… Signe que la gauche et la droite n’ont pas disparu dans les systèmes de valeur des Français.
*Kevin Brookes est enseignant-chercheur en science politique.