Indy veut devenir le compagnon des travailleurs indépendants


Publié le 21 nov. 2023 à 8:14

L’explosion des valorisations des fintechs entre 2020 et 2022 n’a pas fait que des heureux. Depuis que les financements se sont taris, les start-up de la finance peinent à convaincre les investisseurs, en particulier pour des séries B, C et au-delà. Indy fait figure d’exception en annonçant une levée de fonds de 40 millions d’euros menée par BlackFin Capital Partners, aux côtés de La Maison Partners et IXO Private Equity. La start-up ne précise par la part de dette et d’equity, comme pour son précédent tour de table de 35 millions annoncé en janvier 2021.

Lors de sa création en 2016, Indy (qui s’appelait alors Georges Tech) a commencé par automatiser la comptabilité des indépendants pour leur permettre de se passer d’un expert-comptable. Peu à peu, la plateforme s’est enrichie et a intégré des modules pour créer sa structure, faire des devis, des factures, de la synchronisation bancaire et gérer ses notes de frais.

« Nous avons atteint un niveau d’automatisation élevé », estime Côme Fouque, qui n’imagine en revanche pas que ChatGPT pourra générer automatiquement une liasse fiscale. « Parfois, il fait d’énormes erreurs. La comptabilité est une science dure », indique le dirigeant, qui travaille en revanche sur des applications internes à l’entreprise.

L’abandon de Quickbooks

L’accès à tous ces modules est gratuit pour l’indépendant mais des abonnements mensuels (entre 20 et 49 euros par mois) sont facturés pour réaliser les déclarations fiscales. « Nous sommes quatre fois moins chers qu’un expert-comptable », indique le patron, qui revendique 70.000 utilisateurs, dont des freelances, des professionnels de santé ou encore des détenteurs de sociétés civiles immobilières.

Sur le segment de la comptabilité, Indy n’est pas le seul à s’être positionné. Une multitude de start-up ont vu le jour ces dernières années comme IPaidThat, Dougs ou encore Clementine. Sans oublier les acteurs étrangers, mais qui peinent à s’imposer, à l’image de l’Américain Quickbooks (groupe Intuit), qui a annoncé mettre fin à son service dans l’Hexagone à la fin de l’année. « Ils avaient une approche trop globale », estime Côme Fouques.

Indy avait de son côté prévu de s’exporter aux Etats-Unis, mais a finalement abandonné. « Le paysage concurrentiel s’est densifié en 2021 et 2022. Nous avons donc décidé de nous concentrer sur la France », précise le dirigeant. Il y a de quoi faire, puisque l’Hexagone compte 4 millions d’indépendants, selon les dernières données de l’Urssaf.

Convergence des fintechs

Indy veut se démarquer davantage des autres fintechs en proposant début 2024 un compte bancaire gratuit pour ses clients. De quoi se frotter à Shine, néobanque pour professionnels rachetée par Société Générale en 2020. « Les indépendants préfèrent avoir tout au même endroit. Ils n’ont pas le loisir de se connecter à plein d’outils », explique le patron.

Cette diversification s’inscrit dans une tendance de fond dans le petit monde de la fintech. Les start-up du secteur, qui s’adressent plutôt aux PME, sont en train de converger alors que leurs produits de départ étaient différents. Qonto a commencé son aventure par un compte en banque pour PME avant d’élargir sa palette de produits. Le logiciel de comptabilité Paysanne (qui vend sa solution aux experts-comptables) s’est aussi diversifié avec un compte bancaire, tandis que les acteurs de la gestion de la dépense en entreprise, comme Spendesk, ou ceux dans le paiement comme Libeo, cherchent aussi à devenir des plateformes financières tout-en-un pour les PME.

En ciblant les indépendants, Indy veut prendre toutes les parts du gâteau des indépendants. Elle vise le million d’utilisateurs d’ici à 2027.

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