Joe Biden donne son feu vert à un projet pétrolier en Alaska


La décision hérisse déjà les associations environnementales. Joe Biden a donné son feu vert, lundi, au projet de ConocoPhillips pour aller forer du pétrole sur de vastes terres publiques en Alaska. Le projet, baptisé Willow, a la capacité de produire à son pic quelque 180.000 barils de pétrole brut par jour, soit 1,5 % de la production américaine actuelle.

ConocoPhillips, pour qui le projet représente environ 10 % de sa production à fin 2022, « a terminé les préparatifs avec les principaux entrepreneurs et prévoit d’entamer immédiatement les activités de construction de routes de gravier », a réagi le groupe dans un communiqué. La décision finale d’investissement pour ce projet à 8 milliards de dollars et d’une durée de vie de trente ans, interviendra un peu plus tard.

Justifications

Pendant la campagne électorale, Joe Biden avait promis la plus grande vigilance sur la protection de l’environnement en Alaska. En arrivant à la Maison Blanche, le président a fait revenir les Etats-Unis dans l’Accord de Paris sur le climat, et il a révisé à la hausse les engagements de réduction des gaz à effet de serre, en promettant de les réduire de 50 à 52 % à l’horizon 2030 (par rapport à 2005).

Le projet, qui avait été initialement approuvé par l’administration Trump, avait par ailleurs été bloqué par la justice. L’Alaska dispose de quelque 2,4 milliards de barils de réserves, mais sa production décline depuis des années, à moins de 450.000 barils par jour en 2020, selon l’EIA.

Pour justifier sa décision, l’administration Biden met en avant la réduction du projet par rapport à sa version initiale. Le ministère de l’Intérieur a ainsi donné son feu vert pour forer trois zones, au lieu des cinq demandées par ConocoPhillips. Il a aussi annoncé, la veille de son feu vert au projet Willow, de nouvelles restrictions environnementales sur la Réserve nationale de pétrole (NPR-A), la zone du projet de ConocoPhillips, située au nord-ouest de l’Etat.

Relation complexe

Les deux sénateurs républicains de l’Alaska se sont félicités du feu vert, Dan Sullivan critiquant notamment les « éco-colonialistes » qui ont tenté de contrecarrer le projet. Il a toutefois dénoncé dans le même temps les nouvelles mesures de protection du département de l’Intérieur, les qualifiant de « verrouillage » de l’Etat.

La Maison Blanche entretient une relation complexe avec les producteurs de pétrole. Le président vante à la fois ses efforts pour le climat mais leur demande, depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie, de produire plus pour faire baisser la pression sur les cours du brut et les prix à la pompe.

Lors de la conférence annuelle sur l’énergie CERAWeek by S&P Global, la semaine dernière à Houston, le PDG de ConocoPhillips, Ryan Lance, avait pointé l’arrivée à maturité du bassin permien, cette gigantesque zone de production du pétrole et du gaz de schiste, à cheval entre le Texas et le Nouveau-Mexique. « Le bassin permien a été un grand cadeau, cela va continuer, mais on voit le plateau à l’horizon », a-t-il ainsi estimé . Une manière, aussi, de mettre la pression sur l’administration pour explorer de nouvelles zones.



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