La Banque mondiale s’inquiète du prix élevé des matières premières agricoles


Publié le 27 avr. 2023 à 17:11

Avis de gros temps sur la planète alimentaire. Dans ses dernières perspectives semestrielles sur les matières premières, la Banque Mondiale ne prévoit qu’un recul de 8 % des prix des produits agricoles cette année, alors même qu’ils ont atteint des niveaux record en 2022, dans le sillage de la guerre en Ukraine. Les prix alimentaires devraient donc rester historiquement élevés. Il faut remonter à 1975 pour retrouver les niveaux de prix observés en 2022 et 2023, selon l’institution.

« Il s’agit d’un piètre répit pour de nombreux consommateurs dans le monde, estime Indermit Gill, économiste en chef de la Banque mondiale. En termes réels, les prix alimentaires n’ont jamais été aussi hauts en cinq décennies ». L’inflation des denrées de base a atteint 20 % dans le monde, le rythme le plus rapide de ces deux dernières décennies, souligne la Banque mondiale.

350 millions de personnes en insécurité alimentaire

L’envolée des prix en période de crise économique, a des conséquences dramatiques dans les pays les plus pauvres. Le nombre de personnes en insécurité alimentaire a doublé depuis 2020 pour atteindre près de 350 millions.

« Les gouvernements doivent éviter toute restriction au commerce international et protéger les ménages les plus pauvres à l’aide de programmes en fonction des revenus plutôt que d’instaurer un contrôle des prix », explique encore l’expert de la Banque mondiale. L’arrivée à échéance de la plupart des restrictions à l’exportation donne un peu d’espoir. « Si elles ne sont pas renouvelées, cela devrait apaiser les pressions inflationnistes ».

Concrètement, la tonne de blé devrait chuter de 430 dollars à 355 dollars en 2023. Pour mémoire, la tonne se facturait seulement 232 dollars en 2020. Le prix du riz, denrée de base pour la moitié de l’humanité, notamment dans les pays pauvres, devrait lui se renchérir en passant de 437 dollars la tonne à 510 dollars. Mais ce niveau reste loin des 1.000 dollars au moment de la grave crise alimentaire de 2007-2008.

Le risque El Niño

Les prévisions de recul des prix sont fragiles. L’institution part du principe qu’il n’y aura pas d’autres perturbations en Ukraine. Elle table aussi sur d’excellentes récoltes dans les principaux pays producteurs comme les Etats-Unis ou le Brésil. Un parti pris optimiste. Un différend sur le renouvellement du corridor maritime en mer Noire par exemple pourrait faire repartir les prix à la hausse.

La météo risque, elle aussi, de ne pas être aussi clémente qu’espéré. La probabilité que le phénomène climatique El Niño , un réchauffement des eaux du Pacifique, apparaisse entre septembre et novembre est désormais de 80 %. « Des records de températures et une modification des précipitations pourraient affecter le rendement des récoltes, notamment dans l’hémisphère sud ».



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