La compétitivité de l’économie française toujours en berne malgré un léger regain


Publié le 27 janv. 2023 à 7:28

Malgré presque dix années de politique de l’offre, la compétitivité de l’économie française reste toujours dans une situation précaire. L’étude publiée ce jeudi par l’Institut Rexecode montre que si la France a légèrement redressé ses parts de marché à l’exportation en 2022, cela n’efface pas les pertes récentes, ce qui a contribué à un déficit extérieur record l’an dernier.

« Pour l’instant, les résultats ne sont pas encourageants, avec une perte de parts de marché pour presque tous les secteurs industriels depuis 2019. Mais il y a quelques signaux positifs, la question est de savoir s’ils se matérialiseront dans le futur », note Olivier Redoules, directeur des études de cet institut de conjoncture proche du patronat.

Grande glissade depuis 2000

En 2022, la part des exportations de biens et services dans le total de la zone euro a connu une légère poussée de 0,3 point par rapport à 2021 , pour s’établir à 12,4 %. Mais la tendance est moins encourageante si l’on dézoome : ce niveau reste en retrait de 0,9 point par rapport à celui de 2019. Après la stabilité des années 2017 à 2019, c’est comme si l’économie française retrouvait la même pente que celle empruntée à partir de 2000, qui avait vu sa part dans les exportations de la zone euro alors supérieure à 17 % chuter inexorablement.

Entre 2019 et 2022, cette dégradation s’explique par celle des parts de marché sur les biens (-1,2 point) quand celle sur les services s’affermissait (+0,2 point). Pour les biens, quasiment tous les secteurs industriels sont concernés. Cela se retrouve également dans l’évolution du solde du commerce extérieur qui s’est dégradé de 55 milliards entre 2021 et 2022 pour l’ensemble des biens et services, atteignant un déficit 86 milliards d’euros. Le montant est bien supérieur encore pour le seul solde sur les biens (-161 milliards, soit une augmentation du déficit de 75 milliards).

La politique de l’offre montre-t-elle des limites ? Olivier Redoules veut nuancer le constat. « Il y a eu des signaux positifs, avec un investissement dans le secteur manufacturier qui est resté dynamique, malgré la crise ou l’afflux d’investissement étranger. Mais il faut noter que le premier volet de la politique de l’offre, centré sur le CICE, était plus orienté vers l’emploi que vers la compétitivité industrielle. Les choses évoluent avec la baisse entamée des impôts de production », estime l’économiste.

Productivité en baisse

Celui-ci détecte d’autres signaux positifs pouvant laisser espérer un rebond. La dégradation constatée dans deux secteurs clés – l’aéronautique et l’automobile – s’explique par des éléments exceptionnels (pénurie de composants et de main-d’oeuvre). « La perte pourrait être rattrapée, sans doute seulement en partie pour l’automobile qui fait face à d’autres changements », prévient-il. Autre facteur d’espoir : la stabilisation du nombre d’entreprises de l’industrie manufacturière depuis 2019, ce qui montre sa résistance.

Reste à voir si cela sera suffisant face aux vents contraires. Rexecode s’inquiète de la perte de productivité du travail constatée depuis 2019, dont une partie reste inexpliquée . A cela s’ajoute l’intensification de la concurrence avec la Chine et les Etats-Unis, du fait des différences dans les prix de l’énergie ou les financements publics. Face à cela, Olivier Redoules préconise « la poursuite de la baisse des impôts de production ». « En réaction au problème de productivité, tout ce qui permet de travailler plus comme la réforme des retraites va dans le bon sens », ajoute-t-il. Enfin, « la politique européenne doit s’adapter pour que les entreprises européennes jouent à armes égales ».



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