La France va représenter plus d’un quart des émissions de dette souveraine en Europe l’an prochain


Publié le 7 déc. 2022 à 16:02

La France n’échappe pas au mouvement généralisé de hausse des levées de dette. L’Agence France Trésor (AFT), chargée de placer la dette de l’Etat sur les marchés, a confirmé ce mercredi son programme d’émissions pour 2023. Bercy sollicitera les investisseurs pour un montant total de 270 milliards d’euros de dette à moyen et long terme (montant net des rachats anticipés de dette). Un record historique , qui représente près d’un quart des émissions totales attendues des Etats de la zone euro.

Pourtant, les besoins de financement de l’Etat ont légèrement diminué par rapport au projet initial de loi de Finances présenté en septembre dernier. L’AFT a en effet profité de l’appétit des investisseurs cette année pour rembourser par anticipation 26 milliards d’euros de titres de dette qui auraient dû arriver à échéance – notamment en 2023 -, ce qui a permis de porter le montant total de ses émissions pour 2022 à 286 milliards d’euros (au lieu de 260, initialement annoncé).

Moins de Bons du Trésor

Bercy a choisi de réduire son recours aux Bons du Trésor à taux fixe (BTF), des titres de moins d’un an de maturité à l’émission, en 2023. Leur encours devrait augmenter de seulement 3 milliards d’euros l’an prochain, contre les 10 milliards d’abord envisagés.

La part des BTF dans l’encours total de dette de l’Etat va de ce fait légèrement diminuer, passant de 6,9 % à 6,7 %. « Nous allons ainsi reconstituer nos marges de manoeuvre pour cet instrument qui est notre première ligne de défense, en cas de matérialisation d’un risque macroéconomique par exemple », a expliqué Cyril Rousseau, le directeur général de l’AFT.

Coûts d’emprunt en hausse

L’exécution du programme d’emprunt à moyen et long terme, celui des émissions d’Obligations assimilables du trésor (OAT) va se dérouler dans un contexte plus difficile que par le passé. En 2022, le coût des financements à moyen long terme a atteint 1,43 %, contre -0,05 % en 2021.

Un niveau qui reste favorable, surtout si l’on prend en compte la très forte volatilité des taux ces derniers mois. Des mouvements de marché très violents ont porté le 10 ans français à près de 3 % fin octobre avant de la voir redescendre à 2,25 % début décembre. Le mouvement devrait se poursuivre l’an prochain, notamment sous l’effet du retrait des interventions de la Banque centrale européenne sur les marchés.

Dans cet environnement de hausse des rendements, les investisseurs ont déjà commencé à se désintéresser de la partie la plus longue de la courbe de taux. Les émissions d’obligations à 30 ou 50 ans n’ont rapporté que 26,6 milliards d’euros en 2021 contre 36 milliards en 2022.

Les investisseurs ne sont désormais plus poussés à acheter de la dette plus longue pour trouver des rendements satisfaisants. La maturité moyenne des émissions d’OAT l’an dernier s’est établie à 11,1 ans, mieux qu’en 2017 ou en 2018, alors les programmes d’achats de la Banque centrale européenne battaient leur plein.

Nouvelles OAT

L’an prochain, l’AFT prévoit la création de nouvelles OAT de référence : une à trois ans, une à 5/6 ans, et deux titres à dix ans à partir du deuxième trimestre. Bercy réfléchit également à la création d’une nouvelle OAT à 30 ans, l’obligation de référence actuelle pour cette maturité ayant été émise en 2021. Le lancement cette opération, qui se fera par syndication (un placement direct sur le marché par les banques partenaires de l’AFT) dépendra toutefois de l’état de la demande.

Les titres indexés sur l’inflation devraient encore représenter environ 10 % des émissions totales. L’AFT prévoit également d’abonder ses trois green bonds existants , en fonction des dépenses éligibles prévues pour 2023.



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