La Nasa veut fabriquer un « remorqueur spatial » pour démanteler l’ISS

La Nasa a publié, mercredi 20 septembre, un appel d’offres pour la fabrication d’un nouveau type de véhicule spatial. Ce « véhicule américain de désorbitation », surnommé « remorqueur spatial » par la Maison-Blanche, sera dans un premier temps destiné à démanteler la Station spatiale internationale (ISS) au début des années 2030. L’agence spatiale américaine ne laisse que deux mois aux industriels pour présenter des projets et ramassera les copies le 17 novembre.
Actuellement, l’ISS est régulièrement replacée sur son orbite par l’allumage des moteurs d’un vaisseau russe Progress, qui « pousse » la station à son altitude optimale. Il a été envisagé d’utiliser plusieurs de ces vaisseaux pour désorbiter l’ISS, mais, selon la Nasa, cette puissance serait insuffisante pour s’assurer que des débris ne retombent pas sur des zones habitées sur terre.
Un premier vol critique
Il est probable que les industriels traditionnels répondront à la demande de la Nasa, notamment Boeing et Lockheed Martin, mais les acteurs plus récents, comme SpaceX et Blue Origin, pourraient aussi se lancer. Ce défi original suscitera assurément l’intérêt du bouillonnant Elon Musk…
À LIRE AUSSI Mission Osiris-Rex : pourquoi les scientifiques s’intéressent autant aux astéroïdesSur le plan technique, la Nasa laisse libre cours à l’imagination des ingénieurs. Le véhicule « peut être un nouveau design, ou une modification d’un véhicule existant », précise l’agence. Seule obligation : « Il doit fonctionner lors de son premier vol et disposer de systèmes redondants et d’une capacité de récupération après une anomalie, lui permettant de poursuivre une manœuvre critique de désorbitation », ajoute la Nasa. Le développement et la certification « prendront des années », prévient l’agence américaine.
Et après l’ISS ?
La Nasa précise que son appel à projets ne concerne que la désorbitation de la partie américaine de la station. Une façon de rappeler que la charge doit être partagée entre tous les partenaires (États-Unis, Russie, Union européenne, Japon et Canada). Il est toutefois vraisemblable qu’un véhicule unique sera développé et que son utilisation sera facturée à tous en proportion de leur investissement dans la station. La part de chacun est aujourd’hui calculée en fonction du poids des modules nationaux.
À LIRE AUSSI Tout savoir sur la comète que vous pourrez observer en octobreAprès la désorbitation de l’ISS, ce « remorqueur spatial » pourra avoir plusieurs usages. Il pourra être adapté pour rester en orbite et mener des missions longues, au cours desquelles il pourra replacer des stations spatiales ou des satellites sur leurs orbites ou traquer des débris spatiaux menaçants. L’exploitation commerciale d’un tel vaisseau semble prometteuse, si son mode de propulsion est optimisé et s’il dispose d’une capacité de ravitaillement en orbite.
L’ISS a déjà vu sa durée de vie prolongée à plusieurs reprises mais sa fin semble définitivement programmée pour le début des années 2030 – peut-être dès 2028 pour la Russie –, alors que la coopération entre Washington et Moscou est de plus en plus difficile à maintenir, et que le vieillissement des modules de tous les pays partenaires se fait sentir. D’ici là, la Nasa espère que, comme dans d’autres domaines de la conquête spatiale, le secteur privé prendra le relais en installant des stations orbitales destinées à accueillir des astronautes et des expériences scientifiques.