La Russie poursuit ses efforts pour désenclaver son système bancaire


Publié le 20 févr. 2023 à 17:40

Le club des parias du système bancaire international serre les rangs. Alors que de nouvelles banques russes pourraient être exclues du réseau interbancaire SWIFT, les banques centrales de Russie et d’Iran ont signé fin janvier un accord pour connecter leurs systèmes de communications et de transferts interbancaires nationaux. Ce rapprochement, dont les deux pays discutaient depuis un an, va permettre à leurs banques de transférer des fonds entre elles, sans passer par SWIFT.

Ainsi 106 banques utilisant le Système de transfert de messages financiers russe (SPFS) pourront se connecter à 52 succursales de banques iraniennes et quatre banques étrangères non identifiées utilisant le système iranien connu sous le nom de SEPAM, indique la Banque centrale d’Iran. La banque iranienne Shahr et son homologue russe VTB vont mettre en place un programme pilote et d’autres établissements viendront s’y ajouter au fur et à mesure.

Tentatives de connexion avec la Chine

Cet accord devrait permettre de promouvoir le commerce entre les deux pays, tout en le plaçant à l’abri des sanctions. Téhéran fournit notamment des armes, dont des drones, à la Russie. Les deux pays ont par ailleurs commencé à échanger dans leurs propres devises afin de limiter leur dépendance au dollar.

Depuis que les Etats-Unis ont décidé en 2018 de réinstaurer des sanctions contre Téhéran, suite à la remise en cause de l’accord sur le nucléaire iranien, quasiment toutes les banques iraniennes ont été déconnectées de SWIFT. En réponse à l’invasion de l’Ukraine par la Russie, les pays occidentaux ont ensuite décidé de faire de même pour 8 banques russes.

La Russie avait commencé à déployer son propre système interbancaire peu après avoir annexé la Crimée en 2014, pour tenter d’échapper aux premières sanctions économiques inflig ées par les Occidentaux.

Retour en arrière des banques turques

En mars dernier, peu après l’exclusion des banques russes de SWIFT, Moscou avait indiqué essayer d’établir une connexion avec le système de messagerie interbancaire chinois, le CIPS. Développé depuis 2014 par Pékin, ce système qui permet les paiements en yuan dit connecter 1.280 établissements financiers.

De son côté, la Banque centrale russe dénombrait en septembre dernier 440 entités financières membres du SPFS, dont une centaine de banques non russes. A titre de comparaison, SWIFT connecte plus de 11.000 établissements financiers dans le monde.

Pour renforcer son autonomie en matière de paiement, Moscou avait également développé MIR – l’équivalent du GIE carte bancaire français. Depuis que Visa, Mastercard et American Express ont suspendu leurs opérations en Russie, MIR tente d’étendre son influence à l’étranger. Des rapprochements avec le système de paiement chinois UnionPay et avec le système indien RuPay étaient également envisagés.

Par ailleurs, certaines banques turques avaient commencé à accepter les cartes bancaires MIR l’été dernier, un moyen pour les touristes russes de pouvoir payer et retirer de l’argent en Turquie. Mais depuis, les Etats-Unis ont fait pression sur Ankara, au point que les banques du pays ont dû renoncer à accepter les cartes MIR.



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