La timide proposition de Tokyo pour promouvoir les femmes dans les grandes entreprises japonaises


Cette fois, cela semble sérieux. Pointant le récent regain d’intérêt des investisseurs étrangers pour le marché boursier japonais, dont l’indice Nikkei 225 a progressé de 26 % depuis le début de l’année , le gouvernement conservateur de Fumio Kishida vient d’annoncer qu’il comptait pousser les grandes entreprises cotées à promouvoir plus de femmes à des postes de responsabilité.

Refusant toujours d’imposer, par la loi, des quotas de femmes dans des postes de direction, l’exécutif veut pousser les opérateurs du Tokyo Stock Exchange à intégrer, dans les prochains mois, des critères de promotion des femmes dans les règlements qui encadrent les cotations sur les différentes Bourses du pays.

Des objectifs très ambitieux

Le gouvernement souhaiterait ainsi que les entreprises cotées sur le Prime Market, qui impose les règles de gouvernance les plus strictes, nomment au moins une femme au sein de leur conseil d’administration à l’horizon 2025. Tokyo voudrait également que ces entreprises comptent au minimum 30 % de femmes à des postes de direction. Autant d’objectifs ambitieux qui marqueraient une rupture forte avec les pratiques actuelles et pourraient séduire des investisseurs internationaux de plus en plus sensibles à ces enjeux de gouvernance .

Dans sa dernière étude sur la place des femmes dans les grandes entreprises du pays, l’exécutif a reconnu que près de 19 % des 1.835 sociétés du Prime Market ne comptaient toujours pas la moindre femme dans leur conseil d’administration. Seulement 2 % affichent une proportion d’au moins 30 % de femmes à des postes de direction. Et à peine 15, soit 0,8 %, sont dirigées par une femme.

Reconnaissant le retard du Japon face aux autres grands pays développés, le Premier ministre se dit décidé à faire bouger les lignes. « Garantir la diversité en encourageant l’autonomisation des femmes est essentiel pour parvenir à un nouveau capitalisme et à une société inclusive », martelait-il, fin avril, devant ses ministres mobilisés sur cette campagne. Sa commission gouvernementale ajoute que cette évolution permettra « d’accroître la diversité et la vitalité dans la prise de décision socio-économique ».

Un retard énorme

Dans son dernier rapport sur les opportunités économiques pour les femmes, la Banque mondiale avait classé le Japon à la 104e sur 190 nations et territoires de la planète. Dans le classement des écarts entre les sexes compilé par le World Economic Forum, le pays est relégué à 116e place sur 146 pays étudiés.

Si le discours volontariste du gouvernement est salué par les experts, ils rappellent que tous les précédents gouvernements japonais ont agité, depuis les années 2000, ces mêmes objectifs quantitatifs sans jamais parvenir, faute de mesures mordantes, à les atteindre et même à les approcher.



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