Le CEA met en orbite deux start-up du nucléaire du futur


Alors que le nombre de start-up qui rêvent de percer dans les petits réacteurs nucléaires modulaires (SMR) ou dans les réacteurs dits de quatrième génération (AMR) ne cesse d’enfler, le Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA) se lance dans la bataille. Ce dernier essaime deux start-up prometteuses dans ce domaine, Stellaria et Exana, toutes deux issues du concours interne organisé par le CEA pour inciter ses salariés à innover.

Accélérer la transition énergétique

« On a lancé un start-up studio pour demander à nos salariés de concevoir leurs propres solutions pour faire face à la transition énergétique. Onze projets nous ont été soumis. Un an plus tard, il subsiste cinq start-up dont deux que nous voulons accélérer », détaille Stéphane Sarrade, le directeur des programmes énergies au CEA.

Les deux pépites du CEA indiquent toutes deux viser la conception de réacteurs nucléaires innovants déployables « à l’horizon 2030-2040 », mais elles se concentrent sur deux technologies bien distinctes.

La première, Exana travaille sur la conception d’une paire de deux réacteurs à neutrons rapides refroidis au sodium de 300 mégawatts. Un type de réacteur qui, selon Stéphane Sarrade, a déjà bénéficié de multiples preuves de concept – à travers les projets Rapsodie, Phénix, Superphénix ou encore Astrid.

La nouveauté pour Exana réside toutefois dans le design du réacteur et de ses usages. « Un couplage de ces réacteurs avec un système de stockage thermique permet d’imaginer de nombreuses applications, la production de chaleur pour l’industrie, la production d’hydrogène ou encore d’eau potable, en plus de la production flexible d’électricité », explique Stéphane Sarrade.

Autre intérêt : la capacité de ces réacteurs à fonctionner avec une grande diversité de combustibles et notamment en consommant une partie des combustibles utilisés par le parc d’EDF . Ils pourraient ainsi ouvrir des perspectives en matière de fermeture du cycle du combustible. « Avec ce type de réacteur on a des milliers d’années d’indépendance énergétique devant nous », s’enthousiasme Stéphane Sarrade.

Réacteur aux sels fondus

L’autre projet soutenu par le CEA est plus novateur encore. Baptisé Stellaria, la start-up vise là encore la conception d’un réacteur nucléaire de quatrième génération mais cette fois fonctionnant aux sels fondus.

En ligne de mire pour Exana et Stellaria, l’appel à projet France 2030, lancé par le gouvernement pour soutenir des nouveaux concepts complets de réacteurs nucléaires innovants. Doté de 500 millions d’euros, ce dernier clôture son guichet en juin 2023.

« Les Indiens, les Chinois, les Américains travaillent sur le sujet mais aucun réacteur n’a été déployé. Cette technologie représente une vraie rupture, les sels fondus induisent une température très élevée, un rayonnement très important et un risque de corrosion des matériels très élevé », indique Stéphane Sarrade, qui rappelle opportunément que Bill Gates a misé sur cette technologie.

Il faut dire que ses attraits sont nombreux : une très grande variété des combustibles peuvent être utilisés dans ces réacteurs, avec là encore une possibilité de valoriser les déchets nucléaires français. Très compact, ce type de réacteur pourrait être localisé à proximité, voire sur des sites industriels. Par ailleurs, il saurait aussi fonctionner de façon continue pendant plusieurs années sans s’arrêter.

En ligne de mire pour ces deux sociétés, l’appel à projet « France 2030 », lancé par le gouvernement pour « soutenir des nouveaux concepts complets de réacteurs nucléaires innovants ». Doté de 500 millions d’euros, ce dernier clôture son guichet en juin 2023.

Pour y candidater, les pépites du CEA devront avoir bouclé un premier tour de table et rassemblé au moins une dizaine de millions d’euros. Pour Exana, Framatome et le CEA ont annoncé un engagement total de 2 millions d’euros chacun. « Nous cherchons à boucler le tour de table avec d’autres industriels des filières non nucléaires », indique Stéphane Sarrade. Pour la seconde, Stellaria, le CEA indique qu’il va aussi se mobiliser « au côté d’un industriel ».



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