le dernier voyage pour la Suisse


Le journaliste et animateur télé Thomas Hervé a accompagné sa mère en Suisse pour son suicide assisté. Il raconte les derniers moments de cette expérience difficile et singulière.








Par Olivier Hertel



« Elle avait une grande peur, partir seule, inconsciente, à l’hôpital », raconte Thomas Hervé, chroniqueur à Télématin et visage inoubliable de l’émission culte Culture Pub sur M6. Sa mère, Aline Hervé, ancienne professeure de philosophie, souffrait d’une bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO), une maladie respiratoire incurable qui finit par rendre la respiration impossible sans assistance. Le 9 août 2022, à 79 ans, elle a fait le choix de faire un dernier voyage pour la Suisse, accompagnée de son mari et de son fils.

Elle avait longuement réfléchi à cet ultime projet : « Sa mort volontaire assistée. Elle préférait ce terme à celui de suicide, qu’elle ne trouvait pas adapté à sa situation, précise le fils. Au début, c’était difficile à accepter. Elle avait encore toute sa tête et plein de choses à vivre. Elle nous répondait que justement, c’était parce qu’elle avait toute sa tête qu’elle voulait partir en étant lucide. »

À LIRE AUSSI Euthanasie : voyage au pays de la mort annoncéeUne fois les formalités remplies et les 10 000 francs suisses acquittés auprès d’une association helvétique, c’est cette dernière qui s’occupe de tout : de la logistique jusqu’au rapatriement des cendres. « La veille, quand il faut partir pour la Suisse, reste le moment le plus délicat, se souvient Thomas Hervé. On se demande comment va se passer le voyage, la dernière soirée, le dernier repas, si elle va vraiment le faire. » Et finalement, tout se passe naturellement. Un restaurant, un hôtel, une petite promenade… »

Le jour J, l’atmosphère est plus pesante. Le rendez-vous est fixé dans une sorte d’entrepôt anonyme et tenu secret dans une zone industrielle de la banlieue de Bâle. Tout est fait pour que les familles se sentent bien. Mais le dispositif est simple. Il se résume à un lit d’hôpital, une perfusion contenant le produit létal et une petite molette qu’il faut tourner pour libérer la dose. « On m’avait dit, “c’est atroce, tu vas voir ta maman agoniser devant toi”. Cela n’a pas du tout été le cas. C’était une mort exemplaire », témoigne Thomas Hervé. Sa mère, bouddhiste, est partie en récitant le sutra du cœur, dans lequel il y a ces mots : « ni déclin ni mort ».



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