le sur-mesure pour tous ? Montres




Violaine d’Astorg, directrice du département joaillerie de Christie’s France est catégorique : le marché du bijou dans sa globalité, bijou ancien y compris, connaît un engouement sans précédent depuis la fin du premier confinement. « En 2021 la session que j’ai organisée à Paris faisait 10,4 millions d’euros. C’était un record pour une vente dédiée à la joaillerie en France. On a continué sur cette lancée puisqu’on a totalisé 11,4 millions d’euros en juillet dernier. » Cet enthousiasme touche l’ensemble des marchés : « C’était, rappelons-le, une vente en ligne. 38 nationalités étaient enregistrées avec 10400 adresses IP connectées pendant les enchères. » L’experte explique cet attrait par les deux raisons suivantes : « Il y a d’abord la valeur intrinsèque des matériaux précieux entrant dans la composition des objets. Dans les périodes de doute, l’or notamment est au plus haut niveau. Mais il y a une autre explication, moins pragmatique : les clients qui possèdent de nombreuses créations provenant des collections répétitives proposées par les joailliers établis, souhaitent également faire l’acquisition de pièces uniques, introuvables ailleurs, pour façonner la singularité de leur cassette. J’ai par exemple une cliente asiatique qui possède toutes les icones de la place Vendôme. Elle m’a très clairement indiqué qu’elle vibrait davantage désormais pour les pièces qu’elle était sûre de ne pas retrouver au cou ou aux doigts de ses amies. »

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Le client a carte blanche

La pièce unique est l’apanage, place Vendôme, de départements qui n’ouvrent pas leurs portes à moins de 50 000 euros. Mais la création sur mesure fait également partie des propositions offertes par une poignée de labels indépendants qui veuillent à s’adresser à tous les budgets. C’est le cas notamment de la créatrice Hanna Darmon qui a fondé, il y a 3 ans, la maison Mansano Paris avoir travaillé durant 7 ans pour le groupe Richemont (qui possède notamment Cartier, Van Cleef & Arpels ou encore Piaget) à la direction stratégique. Ses années de formation ont conjugué études en éco-gestion, en histoire de l’art puis en design, à la Parson School de New York. « J’avais envie de créer une maison à mon image » explique la jeune trentenaire qui a longtemps observé, par le biais d’études de marché, les habitudes de consommation, pour le luxe, toutes catégories d’âges confondus, dans le monde entier. « J’ai, depuis l’enfance, un amour du bijou et j’en ai toujours dessiné. J’ai précisément ressorti ces dessins au moment de créer Mansano pour réfléchir en profondeur à ce que je voulais insuffler, en termes de valeurs tout d’abord – l’or est recyclé, tout est made in France –, en termes d’esthétiques et d’expériences, notamment en ce qui concerne le service client. C’est précisément ce dernier critère qui m’a poussé à proposer un service sur-mesure, bien plus accessible que celui que l’on peut trouver dans les grandes maisons. »

Ce service s’inscrit dans une tendance proposée par les jeunes créateurs – on pense notamment au label Avani fondé par un négociant en saphirs Milan Ponweera, installé place du Marché Saint Honoré dans un écrin où un joaillier travaille sur place -, par les joailliers en chambre qui ont longtemps travaillé en tant que fournisseurs pour les autres maisons et qui reçoivent aujourd’hui en showroom : l’exemple parfait est la maison Copin, nichée dans un appartement haussmannien de la rue Saint-Honoré. Des noms plus établis proposent également ce service : Marie-Hélène de Taillac part volontiers à la recherche de pierres fines telles que la tourmaline ou le spinelle en fonction des desideratas de sa clientèle ; Isabelle Langlois, dans son écrin sur trois niveaux situé rue Danielle Casanova, exécute des compositions impressionnistes mettant en lumière une palette subtiles de gemmes soigneusement choisies, après discussion avec le commanditaire. 

A l’étage supérieure de sa boutique fraichement inaugurée, rue du Bac, Hanna Darmon a peaufiné le cérémonial dédié à ces créations exclusives. Des sélections de pierres attendent le client, tandis qu’un nuancier de diamants permet de choisir la pierre en fonction de sa pureté et de son caratage. « On peut d’abord modifier les créations de mes collections contemporaines en ajoutant une pierre de centre, puis il y a la cocréation. Le client propose alors des idées et nous exécutons ensuite des dessins. Enfin, il y a la transformation de bijoux anciens, à base de pierres de famille, que nous remettons au gout du jour. » Souvent, les clients attirés tout d’abord par les collections contemporaines se laissent tenter par l’exercice. « Le process créatif est toujours au centre de cette expérience » conclut la créatrice qui précise : « Ce service était anecdotique au départ, il représente désormais 40 % de notre chiffre d’affaires ». 

La seconde vie des bijoux de famille

Les parents de Paola Lambert étaient joailliers en Italie. « Ils m’ont transmis leur passion. Apres avoir obtenu à mon diplôme de gemmologie à l’Istituto Europeo di Design, j’ai beaucoup travaillé pour les ateliers situés à la Chaux-de-Fonds. Ces ateliers, accolés au groupe Richemont, étaient dédiés aux créations de Haute Horlogerie. » A son arrivée à Paris, le talent de la dessinatrice fut accaparé par les maisons de haute joaillerie, jusqu’à ce qu’un groupe indépendant, spécialisé dans la distribution, lui fasse une proposition. « Les Galeries Lafayette m’ont contacté pour développer leur département joaillerie, un an avant la réouverture en 2018, rue Royale, de la boutique Royal Quartz. » L’offre de cette adresse incontournable de la rive droite s’articulait principalement autour des belles montres. Son premier étage est désormais dédié aux bijoux. « J’ai une double casquette : La première consiste à accompagner le développement d’une offre joaillière, ciblée et pertinente, dans toutes les boutiques, en phase avec l’identité du groupe. La maison propose également sa ligne éponyme. Ma seconde mission, plus confidentielle, s’ordonne autour de la réalisation de pièces uniques. » 

Sur rendez-vous, rue royale ou rue des archives, un premier entretien permet l’échange de souhaits et l’ébauche d’une première esquisse. Les étapes suivantes s’échelonnent sur 4 à 5 semaines, entre la réalisation ; à l’échelle, du dessin technique, du gouaché en couleur, de la version en cire puis de la création finale, réalisée dans un atelier parisien. « On donne vraiment carte blanche aux clients. Ils sont vraiment libres ce qui n’est pas vraiment le cas Place Vendôme ou chaque pièce doit s’inscrire dans le répertoire stylistique de la maison. Je n’impose jamais mon gout personnel. » La clientèle est totalement mixte. « Il y a autant d’hommes que de femmes, avec deux cas de figure, très marqués : ceux qui savent ce qu’ils veulent et qui connaissaient bien la symbolique des gemmes et des motifs, et ceux qui veulent se laisser guider dans le choix des pierres et du dessin. Parfois j’apprends de mes clients. Le colibri par exemple est un symbole de fertilité. Un client a souhaité en offrir un à son épouse, comme cadeau de naissance. Il avait choisi soigneusement chaque pierre. Les yeux en diamants représentaient son épouse, le ventre en saphir incarnait leur premier garçon, un saphir rose évoquait la petite sœur et une dernière pierre, un saphir bleu ciel, célébrait le nouveau-né. » 

Un service réservé à une clientèle fortunée ? « Pas du tout ! On peut exécuter une pièce sur mesure à partir de 2000 ou 3000 euros. Pour ce prix vous avez un bijou réalisé dans nos ateliers par un artisan spécialisé en haute joaillerie et un sertisseur qui travaille pour la place Vendôme. ». L’experte souligne également le plaisir que lui procure la transformation des bijoux anciens. « Souvent, on laisse les bijoux dormir dans les tiroirs. C’est dommage. Nous nous réjouissons ici de donner une nouvelle vie à ces pièces chargées d’histoire et de souvenirs. » Ces transformations prennent parfois une ampleur insoupçonnée. « Il m’est arrivé de transformer une paire de motifs d’oreille, aux volumes imposants, des années 30, en sautoir. Cela s’inscrit mine de rien dans une démarche éco-responsable. Il n’y a aucun gaspillage. »

Carnet d’adresses : 

Maison Mansano

81 rue du Bac, Paris 07

Copin

161 rue Saint Honoré, Paris 01

Avani Paris

Salon-atelier au 19 place du Marché Saint-Honoré Paris 01

Isabelle Langlois

29 Rue Danielle Casanova, Paris 01

Galeries Lafayette Royal Quartz Paris

Service sur mesure

Pour prendre rendez-vous : https://www.rqz-galerieslafayette.com/sur-mesure




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