Le tacle du lundi – Faites entrer l’accusé, Jean-Michel Aulas


À la dérive depuis plusieurs années, l’Olympique lyonnais ne peut plus compter sur son président longtemps loué, qui aujourd’hui multiplie les erreurs.






Par Adrien Mathieu


Jean-Michel Aulas voit son equipe degringoler de plus en plus au classement.
Jean-Michel Aulas voit son équipe dégringoler de plus en plus au classement.
© JEFF PACHOUD / AFP

Qu’a dû penser John Textor en voyant son équipe fraîchement rachetée se faire battre à la maison par le 19e de Ligue 1, dans une ambiance chaotique, samedi soir ? Si le nouvel actionnaire américain de l’Olympique lyonnais représente l’avenir au moins à court terme du club rhodanien, il va encore devoir composer avec Jean-Michel Aulas, président et fidèle au poste depuis maintenant trente-six ans.

S’il a été longtemps un président visionnaire qui a contribué à faire de l’OL une place forte du football français, Jean-Michel Aulas voit sa fin de règne gâchée par de mauvaises décisions et une communication défaillante. Après les sept titres consécutifs de 2002 à 2008, l’Olympique lyonnais n’a cessé de reculer dans la hiérarchie de la Ligue 1, au point de ne même plus être un candidat crédible aux coupes d’Europe. Et son président n’y est pas étranger.

Si les entraîneurs se sont succédé sans jamais trouver la formule magique depuis quinze ans, Jean-Michel Aulas a toujours voulu s’immiscer de trop près dans les affaires sportives de son club, perdant petit à petit sa lucidité et sa capacité à motiver les troupes. Sa relation avec Juninho le prouve bien : après avoir été l’idole de Gerland, le Brésilien est revenu en 2019 pour occuper le rôle de directeur sportif. L’idylle a tourné court puisqu’après deux ans et demi seulement en poste l’ancien spécialiste des coups francs a décidé de jeter l’éponge face aux caprices de son président et à l’instabilité de l’OL.

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En conférence de presse, le président lyonnais avait même taclé son ancien protégé en indiquant qu’il s’était trompé en prenant Rudi Garcia plutôt que Laurent Blanc à l’époque. « J’avais pris un engagement vis-à-vis de celui que j’avais recruté de lui laisser la responsabilité de choisir. Là, j’ai fait une erreur, je le reconnais. » Sur RMC, Juninho n’avait pas caché sa déception de voir son président l’abandonner au fil des mois : « Jean-Michel Aulas a vu que le problème était beaucoup plus grand. Il a laissé couler et, après, c’était fini. Pardonner, c’est une chose très compliquée pour moi quand tu vas trop loin. »

La guerre est déclarée avec les supporteurs

Si Juninho n’a pas eu tous les succès espérés lors de son retour, la mansuétude dont fait preuve Jean-Michel Aulas auprès des autres dirigeants de l’OL a de quoi interpeller. Vincent Ponsot (directeur général) et Bruno Cheyrou (directeur technique) sont sous le feu des critiques des supporteurs, après de nombreux ratés dans les choix de joueurs mais aussi la communication. Bruno Cheyrou s’était notamment gargarisé du très bon recrutement réalisé par l’OL début juillet en adressant une petite pique à l’OM qui venait de perdre Sampaoli. Six mois après, Marseille compte 17 points d’avance sur des Gones bien pâles…

Plutôt que faire le ménage, Aulas a choisi de défendre coûte que coûte son tandem de dirigeants samedi soir, après la défaite contre Strasbourg. « Les réactions des kops de supporteurs… Ils peuvent avoir un avis sur les joueurs, mais, quand ils attaquent des dirigeants qui sont exemplaires, c’est moi qu’ils attaquent. […] Il ne faut pas qu’à chaque fois qu’on essaie de prendre des initiatives on se retrouve face à des supporteurs très méchants par rapport à des gens irréprochables. » Pas de quoi calmer les foules du Groupama Stadium, déçues des promesses non tenues et des multiples erreurs de casting.

Désormais largué dans la course à l’Europe et englué dans une crise avec ses supporteurs, l’OL se dirige tout droit vers une nouvelle saison indigne de son rang. À force de trop vouloir en faire ou de ne pas cibler les bonnes personnes, Jean-Michel Aulas est évidemment responsable de ce naufrage. Reste à savoir si John Textor va bientôt sonner la fin de la cour de récréation ou si l’OL est bien condamné à la médiocrité…




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