L’E85 est plébiscité par les automobilistes en période d’inflation


Vendu 30 % à 40 % moins cher que les autres carburants dans un nombre croissant de stations-service, le Superéthanol-E85 a vu sa consommation exploser en 2022.






Le Point Auto avec AFP


Si Ford decline presque toute sa gamme en version Flexifuel, le Kuga est le seul modele "full hybrid" propose sur le marche francais pouvant fonctionner d'origine au Superethanol-E85.
Si Ford décline presque toute sa gamme en version Flexifuel, le Kuga est le seul modèle “full hybrid” proposé sur le marché français pouvant fonctionner d’origine au Superéthanol-E85.
© Ford

En France, on n’a pas de pétrole, mais on a du bioéthanol, un alcool d’origine agricole qui constitue jusqu’à 85 % du Superéthanol-E85. Ce carburant décarboné a vu sa consommation augmenter de 83 % l’an dernier, avec 854 millions de litres écoulés sur douze mois, selon la Collective du bioéthanol qui a qualifié l’année 2022 d’« exceptionnelle ».

Une station-service sur trois

Le Superéthanol-E85 représente désormais 6,5 % du marché des essences – contre 4 % en 2021 – et est proposé dans une station-service sur trois. La moitié des automobilistes roulant au Superéthanol-E85 l’utilisent depuis moins d’un an, selon une enquête menée en novembre par la filière. « Parmi les événements qui ont opéré un rôle de déclic, sont évoquées l’augmentation des prix des carburants [citée à 74 %] et la dimension écologique associée à ce biocarburant [citée à 39 %] », a-t-elle relevé.

Les surfaces de culture de betterave pourraient baisser

En France, le bioéthanol est produit à partir de betteraves à sucre dans le Nord, et de céréales (maïs et blé) dans le Sud-Ouest. Interrogés sur la décision du gouvernement lundi soir de renoncer à une troisième dérogation permettant aux betteraviers d’utiliser des insecticides néonicotinoïdes, les représentants de la filière du bioéthanol n’ont pas souhaité s’exprimer. « En l’absence de solutions efficaces, les surfaces [de betteraves] risquent de baisser sensiblement », a affirmé le syndicat des betteraviers (CGB), affirmant que cela allait renforcer « le risque d’importations massives de sucre ou d’éthanol [du Brésil notamment] ».

1,8 million de tonnes de CO2 évitées

Si le bioéthanol coûte moins cher que les carburants raffinés à partir de pétrole, c’est que la fiscalité qui lui est appliquée est réduite, notamment parce que son utilisation émet moins de CO2 au litre que les carburants traditionnels. Le bioéthanol consommé en France, ce sont « près de 1,8 million de tonnes de CO2 évitées », assure ainsi Sylvain Demoures, secrétaire général du Syndicat national des producteurs d’alcool agricole (SNPAA), citant comme source la Direction générale de l’énergie et du climat (DGEC).

L’installation de boîtier peut être subventionnée

Pour utiliser ce carburant, la première option est d’acheter un véhicule neuf adapté (Ford, Land Rover ou Jaguar) et la seconde, de convertir un modèle existant fonctionnant à l’essence en le faisant équiper d’un boîtier homologué dit « flex fuel » dans un garage agréé. En 2022, selon la filière, 85 000 nouveaux boîtiers ont été installés, contre 30 000 en 2021, soit pratiquement le triple. Le leader du marché, Biomotors, en a vendu l’an dernier « un toutes les quatre minutes », selon son directeur général, Alexis Landrieu. Si le coût d’un boîtier peut s’élever à 1 000 euros, certaines régions les subventionnent comme l’Île-de-France ou la Provence-Alpes-Côte d’Azur à hauteur de 500 euros, mais aussi le département de l’Oise et certaines communes.

Une analyse « cycle de vie » favorable

L’an dernier, près de 35 000 véhicules flex-E85 d’origine ont été vendus, environ six fois plus qu’en 2021, selon la même source. Parmi ces véhicules, plus des deux tiers sont des hybrides. Or d’après une étude de l’IFPEN, en analyse dite « cycle de vie » c’est-à-dire de l’extraction des matériaux à leur recyclage en incluant la fabrication et l’usage du véhicule, un hybride rechargeable fonctionnant à l’E85 n’émettrait globalement pas plus de CO2 qu’un véhicule électrique en moyenne en Europe.

Une économie importante

Le bioéthanol n’a cependant pas échappé à l’inflation. Dans les stations-service françaises, son prix a fortement augmenté et franchi la barre de 1 euro le litre. « Le tarif du bioéthanol a subi l’augmentation des coûts agricoles et des prix de l’énergie, notamment du gaz, ce qui a été répercuté dans les contrats d’approvisionnement conclus entre les fournisseurs d’éthanol et les distributeurs de carburants pour l’année 2023 », selon la Collective du bioéthanol. Même s’il faut prévoir une légère surconsommation lorsqu’on roule au Superéthanol, ce carburant reste néanmoins avantageux avec une économie pouvant atteindre 675 euros pour 20 000 km parcourus (hors investissement dans le boîtier), selon les calculs de la filière. En effet, l’E85 s’affichait vendredi dernier à 1,1083 euro le litre, selon des chiffres du ministère de la Transition énergétique, soit 30 % à 40 % moins cher que les autres carburants, gazole, essence sans plomb et SP95-E10. Début 2022, le bioéthanol se vendait encore 0,7433 euro le litre, et même 0,6517 euro début 2021.




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