Les agriculteurs plus exposés que les autres entrepreneurs au risque de burnout


Publié le 20 févr. 2023 à 14:41Mis à jour le 20 févr. 2023 à 14:42

Voilà une étude, rendue publique le 20 février, qui va faire parler, à quelques jours du Salon International de l’Agriculture . Avec 7,4 % d’agriculteurs en risque de burnout élevé, la profession est plus exposée que les autres travailleurs non-salariés non agricoles, selon un dispositif d’évaluation numérique dédié, créé par l’observatoire Amarok . « La statistique est en effet de 5,5 % pour les commerçants, artisans, professions libérales et chefs d’entreprises », compare l’universitaire montpelliérain Olivier Torrès, président et fondateur d’Amarok, né en 2009 .Selon l’étude, les agriculteurs sont particulièrement sensibles au climat, « un enjeu central pour eux, soit en positif soit en négatif, selon les conditions météorologiques ». Autre particularité, « la question des bonnes relations familiales, qui revient très souvent dans le monde agricole, plus qu’ailleurs », complète-t-il. Par ailleurs, les éleveurs ont tendance à être plus exposés au risque de surmenage que les autres catégories d’agriculteurs, du fait des contraintes accrues d’astreintes.

Capacité de résistance

Les chiffres ont été établis auprès de 714 agriculteurs dépendant de la MSA Languedoc et de la Chambre d’agriculture de Saône-et-Loire, qui ont testé leur moral à travers ce nouveau dispositif, nommé ‘Amarok e-Santé agri’. Sur ce nombre, 28 agriculteurs, présentant des risques élevés, ont fait l’objet de prises en charge préventives par des psychologues.

Les agriculteurs ne sont pas tous célibataires et suicidaires, contrairement aux idées reçues !

Les résultats ne sont cependant pas alarmants, selon Amarok. « Je m’attendais à un niveau d’alertes plus important, observe l’universitaire. Et 38 % des répondants affichent une balance positive. Cela montre une capacité de résistance forte. Les agriculteurs ne sont pas tous célibataires et suicidaires, contrairement aux idées reçues ! » Selon l’enquête, les agriculteurs entretiennent une relation « existentielle » avec leur métier, pour 88 % d’entre eux, un niveau supérieur aux autres entrepreneurs étudiés par le dispositif d’Amarok (85 %).

La réponse au questionnaire d’Amarok e-Santé agri, qui prend une dizaine de minutes, veut développer « une approche positive de la santé des agriculteurs. Trop souvent, on présente aux dirigeants l’enjeu de leur santé sous un aspect anxiogène ». Le dispositif sonde, selon un indice allant de 1 à 7, les motifs de satisfaction et de stress du chef d’exploitation : liquidation/procédure judiciaire, problèmes de santé ou de trésorerie, surcharge de travail, etc., pour le « stressomètre agricole ». A l’inverse, travaux/agrandissement de l’exploitation, participation à un salon, bonne situation des élevages, rentrée de liquidités etc. pour le « satisfactomètre ».

Service d’écoute

Un bilan est établi automatiquement, à la fin du test. « Si le résultat dépasse le seuil d’alerte, établi à 5,5, l’agriculteur est contacté par un service d’écoute, explique Olivier Torrès. Il peut y avoir un niveau d’épuisement non alarmant. Souvent, les agriculteurs méritent surtout d’être écoutés et accompagnés, parce qu’ils ont besoin de vider leur sac. »

Le dispositif n’est pas accessible en ligne à tous les agriculteurs français. « Des conventions sont signées avec des partenaires. Nous vérifions que ceux-ci ont mis en place un dispositif crédible d’accompagnement. Il n’y aurait rien de pire qu’une demande d’aide n’arrivant jamais. » Le dispositif doit s’étendre progressivement à d’autres MSA et chambres d’agriculture.



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