les images du geste du ministre diffusées
La vidéo montre le ministre de la Justice Éric Dupond-Moretti répéter son bras d’honneur à trois reprises dans l’hémicycle lors d’une séance à l’Assemblée nationale mardi.
Par Lise Lacombe pour Le Point
© THOMAS SAMSON / AFP
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Son geste avait provoqué un tollé sur les bancs de l’Assemblée nationale, mardi. Depuis, les bras d’honneur du ministre de la Justice, Éric Dupond-Moretti, ont provoqué des réactions en cascade. Mais les images du ministre en pleine exécution du geste décrié n’avaient pas encore été dévoilées. C’est chose faite jeudi puisque Paris Match est parvenu à se procurer la vidéo de ce moment à l’Assemblée nationale.
Sur la vidéo, même si les gestes restent discrets, on voit clairement Éric Dupond-Moretti adresser plusieurs bras d’honneur en direction du président du groupe Les Républicains, Olivier Marleix.
Cette séance à l’Assemblée nationale était consacrée à l’examen d’une proposition de loi du groupe Renaissance sur l’instauration d’une peine d’inéligibilité obligatoire contre des auteurs de violences. Le président du groupe LR, Olivier Marleix, est alors intervenu pour rappeler l’existence de plusieurs affaires judiciaires (condamnations, mises en examen ou enquêtes) concernant des membres du camp présidentiel dont une visant le garde des Sceaux. C’est lors de cette intervention qu’Éric Dupond-Moretti a effectué trois bras d’honneur.
Selon le compte rendu des services de l’Assemblée nationale, le ministre de la Justice a lancé : « Et la présomption d’innocence, monsieur le député, qu’est-ce que vous en faites ? », tout en esquissant un bras d’honneur. La présidente de séance Élodie Jacquier-Laforge (MoDem) avait alors réagi dans un moment de confusion : « Vous n’avez pas à faire des bras d’honneur dans l’enceinte de l’Assemblée nationale, monsieur le ministre. »
L’opposition appelle à des sanctions
Face au tollé suscité, Éric Dupond-Moretti avait reconnu et « regretté » les bras d’honneur, qui n’étaient selon lui « pas adressés au député Marleix », mais à l’atteinte « à la présomption d’innocence », avant de finir par présenter ses « excuses » à Olivier Marleix « ainsi qu’à toute la représentation nationale ».
Après l’incident, plusieurs responsables politiques ont demandé la démission d’Éric Dupond-Moretti. Jeudi, la présidente du groupe RN Marine Le Pen a jugé que le ministre de la Justice « ne peut pas rester » à son poste. Elle a estimé que « ce qui est grave, c’est qu’il bénéficie d’une forme d’impunité de la part d’Emmanuel Macron et d’Élisabeth Borne ».
L’exécutif a condamné le comportement du garde des Sceaux mais sans le sanctionner. Mercredi, la Première ministre Élisabeth Borne a fait savoir au ministre dans un entretien téléphonique que ce « comportement n’avait pas sa place dans l’hémicycle ».
Une absence de sanction signe « une sorte d’impunité » et envoie « un signal désastreux », a estimé le député socialiste Jérôme Guedj. « Je ne souhaite rien, je souhaite que le président de la République prenne ses responsabilités face à ce genre de comportement », a répondu jeudi sur RFI Olivier Marleix, sur le sort du ministre. « Soit ça dérange le président de la République, soit ça ne le dérange pas. Si ça ne le dérange pas ça me paraît gênant », a-t-il ajouté.
