Les marchés israéliens confiants dans la capacité du pays à gérer sa dette de guerre
La dégradation de la note de la dette à long terme d’Israël par Moody’s n’a pas provoqué de remous sur les marchés israéliens. Cette décision « était attendue, comme les médias locaux l’avaient laissé entendre. Mais l’évolution des marchés dans les prochains jours pourrait influer sur la décision de la Banque d’Israël lors de sa prochaine réunion le 26 février », commente Michel Nies, économiste à la banque Citi. Les fondamentaux économiques justifieraient une baisse des taux mais elle doit aussi veiller à la stabilité des marchés.
La longue guerre contre le Hamas augmente le poids de la dette et pèse sur l’activité. La croissance du PIB en Israël a été de 2 % en 2023, selon la Banque d’Israël, alors que l’activité s’est contractée de 6 % dans la bande de Gaza, selon le Fonds monétaire international. Pour 2024, la banque centrale table sur une croissance similaire.
Réagissant à la décision de Moody’s, Amir Yaron, le gouverneur de la Banque d’Israël, a estimé que son pays avait déjà « démontré sa capacité à se reprendre après des temps difficiles pour revenir vite à la prospérité ». Cette déclaration de confiance pourrait augurer d’un nouveau statu quo monétaire en février. La Banque centrale se réunira six autres fois après cette date en 2024. Dans la situation de crise extrême après les attentats, la Banque d’Israël ne pouvait pas se joindre au mouvement général de baisses des taux entamé ou envisagé dans la plupart des pays. Cette année, elle envisage entre 50 et 75 points de base d’assouplissements monétaires si les conditions le permettent. Les taux, actuellement à 4,5 %, sont supérieurs à l’inflation, autour de 3 %.
Le financement de la guerre va augmenter le recours à la dette avec des émissions de l’ordre de 60 milliards de dollars cette année, selon l’agence Bloomberg. Historiquement, 80 % de la dette est achetée par les institutionnels israéliens et 20 % par les étrangers. Au plus fort de la crise en octobre, le rendement de l’obligation à 10 ans avait atteint 4,70 %, contre 4,22 % aujourd’hui.
Le shekel plus résistant que la Bourse
La Bourse de Tel-Aviv est revenue à son niveau d’avant le 7 octobre mais l’indice TA-35, des 35 plus grandes valeurs, cède autour de 3 % cette année alors que la monnaie israélienne perd 2 % face au dollar. Elle est en revanche stable face à la devise européenne. L’euro vaut 3,95 shekels et le dollar 3,67 shekels, contre 3,86 shekels la veille des attaques terroristes du Hamas en Israël. Le billet avait dépassé les 4 shekels dans les 15 jours suivants avant de se replier grâce notamment à l’intervention réussie de la Banque d’Israël pour stabiliser sa monnaie. Le shekel a rebondi de 4 % depuis la déclaration de guerre du Hamas.
Les cinq banques interrogées par l’agence Bloomberg prévoient que la devise israélienne va remonter progressivement à partir de l’été après un affaiblissement au premier trimestre. Le billet vert pourrait grimper jusqu’à 3,80 shekels mais il terminerait l’année à 3,64 shekels. La pression vendeuse sur la devise vient essentiellement de quelques hedge funds et pas des banques, gérants ni des entreprises, selon l’analyse des flux du marché des changes par la banque Citi.
A la différence de la Bourse de Tel-Aviv, le shekel peut bénéficier à tout moment d’intervention de soutien de sa banque centrale, qui dispose de 206 milliards de dollars de réserve de change. Au dernier trimestre, la Banque d’Israël a vendu 8,5 milliards de dollars contre des shekels pour stabiliser sa devise. Les étrangers ont été globalement acheteurs de shekels à cette période (pour l’équivalent de 4 milliards de dollars) alors que les institutionnels et entreprises du pays ont été acheteurs de devises étrangères pour 10,5 milliards de dollars, selon la banque centrale.