Les soignants non-vaccinés n’ont pas encore tous retrouvé les hôpitaux


Malgré la fin de l’obligation vaccinale, une partie non négligeable des soignants suspendus ne sont pas encore revenus en poste.






Par H.R avec AFP


Les soignants non-vaccines n'ont pas encore tous retrouve leur poste.
Les soignants non-vaccinés n’ont pas encore tous retrouvé leur poste. 
© VALERIA MONGELLI / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP

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Les reconversions sont nombreuses : certains sont devenus spécialistes en bien-être, d’autres vendent sur les marchés tandis qu’une partie a choisi de cumuler les petits boulots pour vivre décemment. Certains soignants avaient refusé de se faire vacciner contre le Covid-19 et s’étaient retrouvés suspendus de leur poste. Pour l’heure, nombre d’entre eux ne sont pas revenus travailler à l‘hôpital comme ils en avaient la possibilité ces dernières semaines.

« Ce n’est pas exactement la même, elle a des boutons, elle est un peu plus jolie. Ça ressemble un peu moins à un pyjama mais elle est toujours blanche », sourit-elle en massant le visage d’une cliente.Aujourd’hui, diplômée en maderothérapie, soins des cils ou encore drainage lymphatique et massage pour bébé, elle « prend soin des gens » comme elle l’entend.

« Comme des pestiférés »

La trentenaire, suspendue en septembre 2021, assure « ne pas être contre le vaccin » mais elle ne voulait pas se faire vacciner à cette période.« Avec mon conjoint, on a un projet bébé depuis quelques années mais on n’y arrive pas. On allait commencer une batterie de tests fin 2021 et ma gynécologue m’a déconseillé le vaccin à ce moment-là » explique la jeune femme, toujours pas vaccinée.

Elle a bien tenté de convaincre sa hiérarchie, mais « il n’y a pas eu d’exception, j’étais dévastée. On voulait vraiment attendre que ce projet fonctionne pour ensuite se faire vacciner », confie larme à l’oeil la jeune femme, toujours dans l’espoir de procréer. Infectée par le virus en mars 2022, elle n’a pas souhaité revenir malgré son certificat de rétablissement. Très vite, Elodie Schlernitzauer, aide-soignante durant 12 ans, a compris qu’elle ne retournerait pas travailler à l’hôpital.

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« Financièrement j’ai le même salaire qu’avant, avec les frais d’essence en moins et la possibilité de faire mon planning. J’ai de la chance, ça marche très bien et j’en suis très fière », souligne la jeune femme.Stéphane Escafit, 46 ans, a quant à lui hésité jusqu’au dernier moment à reprendre son poste de brancardier. Reconverti sur les marchés de Strasbourg, où il vend saucissons et charcuterie du sud-ouest, il était l’un des rares non-vaccinés de son équipe.

« C’est un vaccin qui était en phase expérimentale, qui est venu très vite, je n’avais pas confiance », justifie ce père de deux enfants.Sa suspension lui a laissé un goût amer: « Ce qui m’a énervé c’est que quand tout le monde était confiné, on était soi-disant des héros et du jour au lendemain on s’est retrouvé comme des pestiférés ».

« On m’avait volé mon job de rêve »

Mi-mai, il a remis sa blouse et est retourné à l’hôpital… où il a finalement demandé le jour-même sa mise en disponibilité afin de poursuivre dans sa nouvelle activité sur les marchés, même si le salaire est un peu moins attractif. Stéphane Escafit craint en effet d’être de nouveau suspendu en cas de retour du Covid-19.« L’obligation vaccinale n’a pas été abrogée, donc si je reprends mon activité, rien ne prouve que je ne me retrouve pas dans six ou sept mois de nouveau suspendu », redoute-t-il. Le gouvernement garde en effet la possibilité de suspendre à nouveau, par un nouveau décret, les non-vaccinés si la pandémie repart.C’est donc avec un « petit pincement au coeur » qu’il s’éloigne de cette profession, exercée pendant 17 ans, pour se consacrer pleinement à sa nouvelle activité de commerçant: « Retour sur les marchés samedi matin, j’ai plein de patients… euh, plein de clients qui m’attendent ».

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Eric Mercier, 52 ans, infirmier dans un établissement privé des Pays de la Loire, est l’un des rares à avoir repris son travail. Depuis l’obligation vaccinale imposée aux soignants fin 2021, il a dû cumuler les emplois pour joindre les deux bouts. Il a ainsi travaillé dans l’industrie alimentaire, le BTP, ou a encore été cariste, « avec la peur des huissiers et de ne pas avoir de travail pour le lendemain ».Le quinquagénaire assure qu’il n’y a pas eu de regards de travers de la part de ses collègues pour son retour, même s’ « il y en aura certainement ». « Mais je reviens la tête haute, j’ai toujours voulu soigner, on m’avait volé mon job de rêve ».




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