L’euro dollar à l’orée d’une nouvelle phase de sa renaissance


La Banque Centrale Européenne (BCE) et Réserve fédérale (Fed) prennent des chemins divergents de politique monétaire selon les marchés. La première n’en a pas fini avec ses hausses des taux alors que la seconde devrait désormais les baisser cette année après une pause en juin. Au-dessus de 1,10 dollar, l’euro devrait continuer de profiter de cet écart de taux transatlantique. Si les resserrements monétaires cassent la spirale de l’inflation sans compromettre la reprise de l’activité, la BCE aura réussi son pari et la devise européenne pourra voir plus loin.

« L’euro, comme la livre sterling, connaît un rebond cyclique dans le sillage de l’amélioration de la conjoncture. La confiance des consommateurs et des milieux d’affaires notamment dans les services progressent sur fond de baisse du rythme de l’inflation. Les marchés ont pris conscience de ce nouvel environnement de ce côté de l’Atlantique et ont tendance à privilégier l’euro à la livre sterling », constate Dominic Bunning, responsable de la recherche européenne sur les changes chez HSBC.

La dégradation de la note de la France par l’agence Fitch Ratings avait provoqué un repli passager de 0,7 % de la devise européenne sous 1,10 dollar pour rebondir ensuite. La deuxième monnaie mondiale est surtout préoccupée par la faible reprise du moteur de la croissance européenne, l’Allemagne, dont les derniers indicateurs économiques (confiance des consommateurs, ventes au détail…) restent décevants. 

 A l’échelon européen « la rentabilité et les profits des entreprises s’améliorent comparés notamment à leurs concurrentes américaines. Historiquement un tel phénomène est associé à une hausse de l’euro car il attire les investisseurs étrangers vers les marchés boursiers européens » constate Mathieu Savary, responsable de la stratégie européenne chez BCA Research.

Crise bancaire

Cette année, l’euro gagne près de 4 % par rapport au dollar américains, canadien et au yuan. Sa plus forte hausse, autour de 6 %, est contre le yen. Il cède entre 1 % et 2 % par rapport à des monnaies comme le franc suisse et real brésilien, et demeure stable face à la livre sterling. Le taux de change de la monnaie commune européenne par rapport aux devises de ses principaux partenaires commerciaux s’inscrit en hausse de 2,5 % cette année. Il est à peine à 1 % sous son record historique de fin 2009. Le plongeon de l’euro sous la parité avec le dollar en 2022 avait masqué sa résilience globale dans un monde en crise (Ukraine, crise de l’énergie, inflation…).

L’euro apparaît moins vulnérable que le dollar à la crise bancaire et au risque de rationnement du crédit, défavorables à la croissance, provoqués par la violente hausse des taux. Les banques sont plutôt acheteuses d’euros et les hedge funds neutres sur l’évolution à court terme de la monnaie selon les données sur les flux de la banque Citi. Les particuliers qui spéculent sur les monnaies et les gestionnaires n’ont pour leur part pas cru à la poursuite du rebond de la devise européenne ces dernières semaines. Ils ont été vendeurs nets notamment dès que l’euro a franchi 1,10 dollar .



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