l’inavouable échange conclu entre la Belgique et l’Iran


Emprisonné à Téhéran, le Belge Olivier Vandecasteele a été libéré contre le diplomate Assadollah Assadi, reconnu par Anvers comme un agent du renseignement iranien.








Par Armin Arefi


Le travailleur humanitaire belge Olivier Vandecasteele et le diplomate-espion iranien Assadollah Assadi ont ete liberes jeudi 25 mai a la suite d'un echange.
Le travailleur humanitaire belge Olivier Vandecasteele et le diplomate-espion iranien Assadollah Assadi ont été libérés jeudi 25 mai à la suite d’un échange.
© Shutterstock/DR

Premium Lecture audio réservée aux abonnés


La « diplomatie des otages » de la République islamique a été à nouveau récompensée. La Belgique a relâché, jeudi 25 mai, le diplomate et espion iranien Assadollah Assadi, qui a été accueilli en héros, ce vendredi, à Téhéran. Troisième conseiller de l’ambassade de la République islamique d’Iran en Autriche, ce fonctionnaire de 50 ans, emprisonné en Belgique depuis octobre 2018, avait pourtant été condamné en 2021 par un tribunal d’Anvers à vingt ans de prison pour « tentatives d’assassinat à caractère terroriste » contre un rassemblement d’opposants iraniens en 2018 à Villepinte, en région parisienne.

Reconnu par la justice belge comme un agent du renseignement iranien agissant sous couverture diplomatique, Assadollah Assadi a toujours bénéficié du soutien des autorités iraniennes, qui n’ont eu de cesse d’affirmer que son immunité due à son statut de diplomate avait été bafouée. Dès lors, elles se sont juré de tout mettre en œuvre pour le faire revenir au pays.

Ce même jeudi 25 mai, la République islamique a libéré le citoyen belge Olivier Vandecasteele. Interpellé en février 2022 à Téhéran, ce travailleur humanitaire belge reconnu avait été condamné en janvier dernier à quarante ans de prison et soixante-quatorze coups de fouet pour « espionnage », ce que la Belgique a toujours nié. Au contraire, cet homme de 42 ans a toujours été considéré, à Bruxelles, comme une monnaie d’échange aux mains des Iraniens pour faire libérer leur agent.

Si la libération des deux prisonniers a été célébrée en grande pompe par leur pays respectif ce vendredi, aucun n’a évoqué de lien entre les deux affaires. Ce pas a été pourtant allègrement franchi par le Sultanat d’Oman qui n’a pas hésité à parler d’« échange » de détenus. Et pour cause, c’est ce petit pays de la péninsule arabique qui a servi de médiateur final et a accueilli, jeudi, les deux prisonniers sur son sol, avant de les transférer, ce vendredi, dans leur capitale d’origine.

Traité de transfèrement mutuel

L’affaire était pourtant entendue de longue date. Elle a été rendue possible par la signature, en mars 2022, entre Bruxelles et Téhéran, d’un traité de transfèrement mutuel de condamnés, entré en vigueur le 18 avril dernier malgré l’opposition des Moudjahidines du peuple, le groupe controversé d’opposants iraniens visés par la tentative d’attentat en juin 2018. Toutefois, la Cour constitutionnelle avait imposé aux autorités belges d’informer les parties civiles de la libération d’Assadollah Assadi afin de leur permettre de déposer un recours, ce qui ne semble pas avoir été le cas.

« La liberté du terroriste, qui a organisé et commandé le plus grand acte criminel en Europe après la Seconde Guerre mondiale, est une rançon honteuse pour le terrorisme et la prise d’otages, en violation flagrante de l’ordonnance du tribunal », a réagi, dans un communiqué, le Conseil national de la résistance iranienne (CNRI), vitrine politique de l’organisation des Moudjahidines du peuple iranien.

Au-delà du cas de l’humanitaire belge Olivier Vandecasteele, le nom du diplomate-espion iranien Assadollah Assadi revenait fréquemment dans le dossier des otages français détenus en Iran. Ce n’est donc sans doute pas un hasard si deux d’entre eux, Benjamin Brière et Bernard Phelan, ont été relâchés il y a deux semaines par la République islamique. Le dénouement de l’affaire Assadi pourrait également faciliter la libération des quatre derniers otages tricolores encore retenus par l’Iran. Mais ne fera que conforter Téhéran dans ses pratiques dignes d’un autre temps.






Lien des sources