L’Ukraine veut saisir le Conseil de sécurité de l’ONU pour mettre fin au « chantage nucléaire »


À la suite de l’annonce de Poutine assurant qu’il allait déployer des armes nucléaires en Biélorussie, Kiev veut convoquer le Conseil de sécurité de l’ONU.






Par V.P. avec AFP


<< L'Ukraine attend des actions efficaces pour contrer le chantage nucleaire du Kremlin de la part du Royaume-Uni, de la Chine, des Etats-Unis et de la France >>, a indique le ministere ukrainien des Affaires etrangeres
« L’Ukraine attend des actions efficaces pour contrer le chantage nucléaire du Kremlin de la part du Royaume-Uni, de la Chine, des États-Unis et de la France », a indiqué le ministère ukrainien des Affaires étrangères
© SPENCER PLATT / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / Getty Images via AFP

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Kiev veut réunir d’urgence le Conseil de sécurité de l’ONU. L’Ukraine a appelé ce dimanche les Occidentaux et la Chine à mettre fin au « chantage nucléaire » de la Russie, après l’annonce par Vladimir Poutine que Moscou allait déployer des armes nucléaires en Biélorussie.

Les responsables russes ont multiplié depuis un an les menaces à peine voilées de se servir de l’arme nucléaire si le conflit avec Kiev venait à connaître une escalade significative. La Biélorussie, alliée de Moscou, est frontalière de l’Ukraine, de la Pologne et de la Lituanie.

« L’Ukraine attend des actions efficaces pour contrer le chantage nucléaire du Kremlin de la part du Royaume-Uni, de la Chine, des États-Unis et de la France », a indiqué le ministère ukrainien des Affaires étrangères dans un communiqué. « Nous demandons qu’une réunion extraordinaire du Conseil de sécurité des Nations unies soit immédiatement convoquée à cette fin », a-t-il ajouté.

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Berlin condamne Moscou

« Nous demandons qu’une réunion extraordinaire du Conseil de sécurité des Nations unies soit immédiatement convoquée à cette fin », a-t-il ajouté en appelant aussi le G7 et l’UE à faire pression sur la Biélorussie en la menaçant de « conséquences considérables » si elle venait à accepter le déploiement russe.

Premier pays occidental à réagir à l’annonce de Vladimir Poutine, l’Allemagne a dénoncé une « nouvelle tentative d’intimidation nucléaire » de la part de Moscou. « Nous n’allons pas nous laisser dévier de notre cap » par ces menaces, a indiqué à l’Agence France-Presse un responsable du ministère des Affaires étrangères sous couvert de l’anonymat.

Plus tôt dimanche, le secrétaire du Conseil de sécurité ukrainien Oleksiï Danilov avait estimé que « le Kremlin a pris la Biélorussie comme otage nucléaire » et représentait un « pas vers la déstabilisation interne du pays », dirigé depuis 1994 par Alexandre Loukachenko.À LIRE AUSSIRussie : « Certaines régions pourraient vouloir devenir indépendantes »

« Faire peur »

Samedi, Vladimir Poutine a annoncé que la Russie allait déployer des armes nucléaires « tactiques » en Biélorussie et que dix avions avaient déjà été équipés pour être prêts à utiliser ce genre d’armement. « Il n’y a rien d’inhabituel ici : les États-Unis font cela depuis des décennies. Ils déploient depuis longtemps leurs armes nucléaires tactiques sur le territoire de leurs alliés », a déclaré Vladimir Poutine lors d’une interview à la télévision russe.

« Nous sommes convenus de faire de même », a-t-il ajouté, disant prévoir de « former les équipages » à partir du 3 avril et de « terminer la construction d’un entrepôt spécial pour les armes nucléaires tactiques sur le territoire biélorusse » le 1er juillet. Vladimir Poutine « admet qu’il a peur de perdre (la guerre) et que tout ce qu’il peut faire, c’est de faire peur », a déclaré dimanche sur Twitter un conseiller présidentiel ukrainien, Mykhaïlo Podoliak.

Il a également accusé le dirigeant russe de « violer le traité de non-prolifération nucléaire ». Vladimir Poutine, lors de son annonce, avait précisé que ce déploiement en Biélorussie se ferait « sans contrevenir à nos accords internationaux sur la non-prolifération nucléaire ». Si la Biélorussie ne prend pas part directement au conflit en Ukraine, Moscou s’est servi de son territoire pour conduire son offensive sur Kiev l’année dernière ou pour mener des frappes, selon les autorités ukrainiennes.À LIRE AUSSIDe Napoléon à Poutine, fins de règne

Obus à l’uranium

Vladimir Poutine a motivé sa décision samedi par la volonté du Royaume-Uni d’envoyer des munitions à uranium appauvri à l’Ukraine, comme évoqué récemment par une responsable britannique. Le dirigeant russe a menacé de recourir également à ce type d’obus, utilisé pour percer les blindages, si Kiev venait à en recevoir.

Il a qualifié ce type d’obus d’arme parmi « les plus dangereuses » et qui « génère ce que l’on appelle des poussières de radiation ». Lors de récentes négociations à Moscou entre Vladimir Poutine et Xi Jinping, les deux dirigeants avaient énoncé dans une déclaration commune qu’une guerre nucléaire « ne doit jamais être déclenchée », car « il ne peut y avoir de vainqueurs ».

Plusieurs responsables russes, dont l’ancien président Dmitri Medvedev, ont toutefois menacé l’Ukraine et les Occidentaux de l’arme nucléaire depuis le début de l’offensive russe lancée le 24 février 2022. La Russie a en outre suspendu le mois dernier l’important traité de désarmement nucléaire New Start signé avec les États-Unis, bien qu’elle ait promis de respecter la limitation de son arsenal nucléaire jusqu’à la fin effective de cet accord le 5 février 2026. La doctrine nucléaire russe ne prévoit pas l’utilisation préventive par la Russie de l’arme nucléaire, mais seulement en réponse à une attaque envers elle ou ses alliés, ou en cas de « menace sur l’existence même de l’État ».




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