Malakoff Humanis fixe un nouvel objectif de profits, quatre ans après sa fusion


Ne lui parlez pas de « dividende sociétal » ou « écologique ». Ces nouveautés 2023 , dévoilées par le Crédit Mutuel ou la Maif, ne seront pas copiées par Malakoff Humanis , le deuxième groupe de protection sociale en France (derrière AG2R La mondiale) qui présentait ce mardi ses résultats annuels.

« N’ayant pas d’actionnaires à rémunérer, nous avons déjà un modèle redistributif qui nous permet de redistribuer en moyenne 200 millions d’euros par an, déclare aux « Echos » Thomas Saunier , directeur général d’AG2R La Mondiale. Cela prend par exemple la forme d’aides financières à nos clients vulnérables ou d’actions sociétales, notamment en faveur du handicap. »

Baisse du résultat net

Ce « contrat social » a une contrepartie : « Malakoff Humanis ne cherche pas à maximiser ses profits mais à atteindre un résultat raisonnable qui permette de garantir son modèle redistributif », poursuit son dirigeant. En 2022, le groupe paritaire, spécialiste de l’ assurance santé , prévoyance et retraite a réalisé un bénéfice net de 168 millions d’euros en 2021, contre 222 millions un an plus tôt.

Ce coup de mou s’explique par un résultat gonflé, en 2021, par des reprises de provisions enregistrées lors du Covid, en anticipation de sinistres élevés en prévoyance (décès, invalidité…).

Il est aussi à relativiser au regard des pertes de 2020, marqué par le Covid, et de 2018, en pleine préparation de la fusion entre Malakoff Médéric et Humanis. Scellée début 2019 , celle-ci s’est soldée cette année-là par une faible rentabilité, avec un résultat avant impôt de 41 millions d’euros.

Après avoir digéré ce rapprochement, « nous nous fixons un objectif de résultat net annuel supérieur à 150 millions d’euros, pour notre nouveau plan stratégique 2023-2026, annonce Thomas Saunier. Un tel niveau nous permettra de maintenir une marge de solvabilité élevée, en disposant de fonds propres supplémentaires à mesure que notre activité augmente ». Le groupe affiche 8,2 milliards d’euros de fonds propres à fin 2022, et un ratio de solvabilité de 242 %.

La période 2023-2026 sera marquée par 60 millions d’euros de baisse des coûts supplémentaires. Mais l’essentiel a déjà été fait, alors que d’autres poids lourds de la protection sociale, comme AG2R La Mondiale et Aésio, entament des restructurations d’ampleur. « En cinq ans, nous avons déjà réalisé 180 millions d’euros d’économies, soit 20 % des frais généraux, notamment en ne remplaçant plus systématiquement les départs à la retraite », précise Thomas Saunier.

Hausse des tarifs

Deuxième levier de rentabilité : la nette hausse des tarifs, enclenchée l’an dernier. Malakoff Humanis a aussi marqué les partenaires sociaux en sortant de certaines branches professionnelles déficitaires (casinos, aide à domicile…), qui recommandaient l’assureur aux entreprises adhérentes.

Une décision inédite dans le secteur. « Après 10 ans de conquête commerciale dans les branches, le marché redevient raisonnable. Il n’est pas normal que les autres clients supportent ces déficits », juge le patron de Malakoff Humanis.

Ces mesures doivent permettre de restaurer la rentabilité technique des complémentaires santé. Le ratio combiné (RC), qui mesure le niveau des frais de gestion et prestations versées par rapport aux primes encaissées, est resté dans le rouge l’an dernier, à 102,9 %.

« Nous subissons d’une part le dérapage des dépenses de santé liée à l’augmentation générale des soins, au 100 % santé [paniers de soins remboursés à 100 %, NDLR] et aux transferts croissants de l’Assurance maladie vers les complémentaires santé, et d’autre part la hausse de l’absentéisme et donc des indemnités pour arrêt maladie, notamment chez les populations fragilisées par le Covid », explique Thomas Saunier. Il vise « un RC de 101 % en 2026, contre 104,5 % en 2019, année de la fusion ».

Le groupe mise aussi sur un effet de volume, avec une « activité commerciale record » l’an dernier. Le chiffre d’affaires a crû de 4 %, à 6,4 milliards d’euros, mais il reste inférieur au pic de 6,56 milliards atteint en 2019.



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