PS : Olivier Faure en ballottage (pas très) favorable




Les prochains jours risquent d’être très agités au PS. Olivier Faure, le premier secrétaire sortant, a raté d’un cheveu la barre des 50 % lors du vote, jeudi soir, sur les textes d’orientation, qui déterminent le poids de chaque force au sein des instances du parti. Avec 49,15 % des voix, il termine largement en tête, mais devra composer avec ses deux rivaux, Nicolas Mayer-Rossignol (30,51 % des suffrages) et Hélène Geoffroy (20,34 %).

La soirée et la nuit de jeudi ont pris des airs de 2008. Lors du Congrès de Reims, déjà, les deux rivales pour le poste de premier secrétaire, Martine Aubry et Ségolène Royal, s’étaient disputé la victoire sur fond de triche. Jeudi, durant la nuit, Nicolas Mayer-Rossignol et Olivier Faure ont multiplié les déclarations de victoire et les soupçons de malversations. À 23 h 30, le camp du premier secrétaire proclame son succès, avançant un chiffre de 50,5 %. Le maire de Rouen riposte, organisant à la va-vite une conférence de presse à plus de minuit pour assurer qu’il est en bonne place pour devenir le prochain patron du PS. « Nous sommes en situation de l’emporter », assure Mayer-Rossignol.

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Le lendemain matin, nouvelle conférence de presse en visio pour confirmer la « surprise et l’espoir de la veille ». Lamia El Aaraje, porte-parole de Refondation, qui soutient la candidature de Mayer-Rossignol, prévient : « Il est impossible à ce stade qu’Olivier [Faure] fasse plus de 48,5 %. Si le résultat est différent, c’est qu’il y a un arrangement avec les chiffres et les fédérations. » Les résultats de la fédération de La Réunion, de la Guadeloupe et des Français de l’étranger ne sont d’une part toujours pas tombés, et les proches du maire de Rouen craignent d’autre part un tripatouillage des résultats.

Faure peut sauver sa tête

Olivier Faure réalise donc 49,15 % des suffrages, mais son avancée nette est décevante. Il réunit sur son texte un peu plus de 11 000 voix, soit environ 6 000 de moins qu’au Congrès d’Aubervilliers, en 2018, au cours duquel il avait accédé au poste de premier secrétaire. Il y avait alors trois autres motions, défendues notamment par Stéphane Le Foll, ce qui ne l’avait pas empêché de tout rafler.

Mais Faure peut sauver sa tête. D’abord, il peut très bien être réélu jeudi 19 janvier, jour du vote pour désigner le premier secrétaire. Il sera opposé à Nicolas Mayer-Rossignol, dont le texte d’orientation est arrivé deuxième jeudi 12 janvier. Ce dernier comptera sur les voix d’Hélène Geoffroy, la troisième du scrutin. Dès vendredi soir, celle qui est arrivée 3e a demandé à ses électeurs de voter pour Mayer-Rossignol, mais le rival de Faure devra faire le plein des suffrages pour espérer battre le premier secrétaire. Chacun compte par ailleurs sur les nombreux abstentionnistes : seule la moitié environ des électeurs s’est déplacée jeudi soir.

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Ensuite, les troupes d’Olivier Faure restent dominantes au sein du parlement du PS (le conseil national) ainsi que dans l’organe politique (le bureau national). « Dans tous les cas de figure, nous sommes majoritaires dans les instances », confie-t-on dans l’entourage du premier secrétaire. Après le Congrès de Marseille, qui se tiendra le dernier week-end de janvier à Marseille, chaque fédération départementale élira en effet son premier secrétaire. Ce collège d’une centaine de représentants comptera ensuite pour un tiers du conseil national, ce qui pourrait faire pencher la balance en faveur de Faure, qu’il soit élu ou non. « Au vu des résultats, nous avons déjà une cinquantaine de futurs premiers fédéraux avec nous », assure la direction actuelle du PS. Un calcul auquel n’adhère évidemment pas l’équipe de Mayer-Rossignol, qui compte devenir majoritaire.

L’entourage d’Olivier Faure met déjà au défi une nouvelle direction d’exercer le pouvoir avec un parlement et un organe politique défavorables. « La cohabitation au PS, ça n’existe pas. Le parti serait paralysé », dramatise-t-on au siège du parti. Certains proches d’Olivier Faure ironisent aussi sur les différences qui existent entre les positions de Nicolas Mayer-Rossignol et celles d’Hélène Geoffroy. Les deux leaders, qui devraient s’allier au sein des instances, devront notamment s’entendre sur la seule question qui les sépare : faut-il ou non abandonner la Nupes ? Geoffroy le souhaite, Mayer-Rossignol préfère aménager un accord qu’il juge « dépassé ». Les prochains jours risquent d’être agités au PS, mais aussi au sein de la Nupes.

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