Quand l’Europe met des bâtons dans les roues de Tesla

Personne ne contestera le formidable succès remporté par Tesla en pariant, 10 ans avant la construction automobile mondiale, sur la traction électrique. Ce formidable coup de poker a parfaitement réussi en bouleversant les modes de consommation du thermique et cela jusqu’à la distribution même des modèles. En se passant de réseau de concessionnaires et en investissant à la place dans un réseau de recharge, Tesla a gagné un autre pari.
Mais ça, c’était avant que les Européens et les Chinois n’aient, eux, une inclination pour la voiture électrique. Pour certains, par pur opportunisme en lançant des smartphones à roues et, pour d’autres, poussés au creux des reins par une épée nommée Bruxelles. Déjà, Elon Musk, le fondateur charismatique de la marque, a bien anticipé que, fatalement, une guerre des prix allait se déclarer. Sans trop attendre, il a bouleversé ces derniers mois sa grille tarifaire pour baisser ses prétentions et rester au contact du marché avec des véhicules concurrentiels.
Mais depuis fin octobre, les choses commencent à tourner à l’aigre pour le constructeur américain en Suède, un pays pourtant ouvert aux voitures électriques. En effet, 120 mécaniciens attachés à la maintenance des voitures et des bornes Tesla se sont mis en grève devant le refus de la marque de signer une convention collective sur les salaires au prétexte qu’elle n’est pas un opérateur industriel dans le pays. Le bras de fer aurait pu en rester là sauf que les dockers suédois sont venus à la rescousse pour soutenir le mouvement des mécanos et bloquent, depuis le 7 novembre, le débarquement des Tesla dans tous les ports du pays.
Dernière au contrôle technique allemand
Jouissant jusque-là d’une aura qui lui a permis notamment de se passer des syndicats dans ses usines, Tesla regarde, ahuri, l’évolution du conflit qui gagne, nous apprend le site Automobile propre, la poste suédoise. Celle-ci a décidé de ne plus distribuer le courrier de Tesla, ce qui en dit long sur le changement profond d’image d’un constructeur jusque-là adulé et inattaquable. Les grévistes suédois n’entendent pas reculer et veulent faire de ce conflit avec Tesla une première exemplaire en Europe.
Comme si cela ne suffisait pas au rang des mauvaises nouvelles, le TUV allemand, qui est l’équivalent du service des mines français et habilité à homologuer des voitures, a placé Tesla dans son collimateur. Le TUV en charge également du contrôle technique a en effet livré ses conclusions pour 2024, portant sur 117 modèles vendus en Allemagne. Le contrôle technique intervenant au bout de 3 ans, la Tesla 3 introduite en 2019 a fait partie des 10,2 millions de voitures analysées. Celle qui a permis à Tesla d’atteindre sa dimension de constructeur généraliste passe là son baptême du feu et elle l’a fait en décrochant la dernière place du classement !
Alors que sur l’ensemble du parc 5,7 % des véhicules ont été recalés, la Tesla 3 grimpe à 14,7 %, le plus mauvais score de l’année. Les défaillances portent notamment sur les suspensions fatiguées et les freins sujets à la rouille, car fonctionnant trop peu. Déjà l’an dernier, indique le site Caradisiac, la Tesla S de haut de gamme n’avait pas fait d’étincelles puisqu’une sur dix avait été recalée. Sur la livraison de cette année le TUV n’a étudié que trois voitures électriques venues à maturité et représentées en nombre suffisant pour que cela soit significatif. Il s’agit de la Renault ZOE, qui décroche la 44e place, et la Volkswagen e-Golf installée brillamment à la 4e place du classement alors qu’elle a été depuis remplacée par l’ID.3. À signaler tout de même que l’autre mauvaise élève du contrôle technique allemand est une thermique, la Dacia Logan créditée d’un taux d’échec de 11,4 % très élevé compte tenu de sa rusticité technique.