quel métier de cadre a connu la plus forte augmentation en 2024 ?




Ils sont, en 2024, 7 sur 10 à se dire « satisfaits » de leur rémunération (un chiffre en progression de 4 points par rapport à 2023) – et ils ont en effet plutôt de quoi se réjouir. D’après le dernier baromètre réalisé par Expectra*, le salaire médian des cadres, qui s’établit à environ 56 000 euros bruts annuels (part fixe + variables), s’est accru de 4 % cette année – soit quasiment deux fois plus que l’inflation. Le revenu des employés, techniciens et agents de maîtrise, lui, n’a progressé « que » de 3,3 %.

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« C’est la catégorie de salariés qui a été la plus augmentée en 2024, pour une raison relativement simple : la population vieillit – et part à la retraite – et les nouvelles générations sont moins nombreuses, donc le marché est en tension, analyse François Moreau, secrétaire général de Randstad, la maison-mère d’Expectra.

Certes, le recrutement est moins dynamique qu’en 2022 ou en 2023 et la période de surenchère que nous avions pu connaître à la sortie de la pandémie se calme. Mais même si la période est plus mesurée et que l’incertitude géopolitique incite les entreprises à la prudence, le rapport de force reste toujours en faveur des cadres. »

Certains secteurs sont d’ailleurs particulièrement bien lotis. C’est le cas de la filière des « life sciences », qui couvre les domaines de la santé, de la pharmacie, de la biotechnologie et de la chimie. Elle affiche l’augmentation de salaire la plus élevée cette année (+ 4,5 % en moyenne). En cause ? La demande soutenue qui a afflué à la suite du Covid ainsi que le Plan Innovation Santé 2030 qui promet de booster les projets et donc les recrutements. Les entreprises de la healthtech (biotechs, medtechs et e-santé) recherchent activement des profils scientifiques de cadres évoluant dans la pharmacovigilance, la toxicologie et les affaires réglementaires. « Le crédit d’impôt en recherche incite aussi les grands laboratoires à venir s’implanter en France – notamment en région parisienne et en Rhône-Alpes », ajoute François Moreau.

Du côté de l’immobilier et de la construction, l’évolution des salaires est aussi plutôt bonne (+ 4,1 %), tout comme dans la logistique (+ 4 %), l’industrie (+ 3,9 %) ou la finance (+ 3,7 %). Cette période faste profite notamment au métier d’expert-comptable qui a connu, en 2024, une progression de rémunération de 10,8 % (pour un salaire médian de 55 110 euros).

« Ce sont des professionnels qui jouent un rôle indispensable dans l’écosystème administratif et fiscal des sociétés, surtout dans un contexte de ralentissement de l’économie, souligne le secrétaire général de Randstad. Mais on assiste, depuis plusieurs années, à une pénurie sur ces profils, d’où les rémunérations élevées. »

La filière « office » à la traîne

Sur la deuxième marche du podium des professions en plein boom salarial, on trouve les consultants en cybersécurité (+ 9 % d’augmentation, pour un salaire médian à 48 720 euros). « L’informatique est partout aujourd’hui et la hantise de tout dirigeant d’entreprise est de se faire hacker », fait remarquer François Moreau. Enfin, la troisième meilleure progression revient au métier de diagnostiqueur immobilier (+ 8,7 % pour un salaire médian de 30 690 euros). Les enjeux autour de la décarbonation ne sont pas étrangers à cette envolée, précise l’enquête.

À l’autre bout du spectre, la filière « office » (accueil, services, administration des ventes, relation clients, assistanat et office management) tire moins bien son épingle du jeu. Avec une hausse des salaires de seulement 2,2 %, elle connaît la plus faible évolution du panel. « Ce sont des métiers qui sont moins en tension et qui sont directement impactés par le développement de l’intelligence artificielle (IA) », indique l’expert.

La rémunération ne fait pas tout

Le baromètre d’Expectra permet aussi de mettre en lumière les disparités régionales, qui sont assez marquées. Si le Sud-Ouest tourne au ralenti (+ 1,2 %), la région Nord-Est, elle, explose les compteurs (+ 6,2 %). « Les Hauts-de-France ont fait beaucoup d’efforts pour réindustrialiser leur territoire, explique François Moreau. On voit aujourd’hui sortir de terre de grandes usines, notamment dans le secteur des nouvelles technologies, et elles ont besoin d’attirer. Quant aux régions de l’Est, elles font face à la concurrence des pays transfrontaliers. Si elles veulent garder leurs collaborateurs, elles doivent rester attractives, notamment en matière salariale. »

Mais, pour les candidats, la question de la rémunération est désormais loin d’être un levier suffisant, rappelle le spécialiste. Et, pour valoriser leur marque employeur et l’inscrire dans la durée, les entreprises ont tout intérêt à ne pas passer à côté des attentes de société. « Tous âges confondus, les cadres expriment plus que jamais leur besoin d’équilibrer leurs vies professionnelle et personnelle, indique le secrétaire général de Randstad. Cette notion arrive d’ailleurs en tête des dimensions jugées essentielles, devant le salaire et “la reconnaissance de son travail à sa juste valeur”.

La flexibilité des horaires et du lieu de travail est également très ancrée : les deux jours de télétravail font partie aujourd’hui des desiderata des cadres. Enfin, avec la montée de l’IA, ceux-ci comptent aussi sur leur entreprise pour leur proposer des formations afin de maintenir leur employabilité. »

À LIRE AUSSI Télétravail : « Attention aux déconvenues à terme si on pousse trop loin les curseurs » Même s’ils ne sont pas véritablement en position de force, les employeurs ont aussi des exigences, note l’étude. Parmi leurs critères de choix figurent les soft skills. « Le travail en équipe, la curiosité, la capacité d’innovation, la communication ou encore la faculté à travailler sur l’intergénérationnel, tout cela est extrêmement valorisé, conclut François Moreau.

Dans une période de transition à la fois digitale et écologique, les cadres dirigeants ont un rôle déterminant : celui d’anticiper les ruptures et les transformations et de faire en sorte qu’elles se passent de la façon la plus fluide possible. Car, en entreprise, il n’y a rien de pire que la brutalité… »

*Le baromètre des salaires cadres d’Expectra est construit à partir de l’ensemble des postes pourvus par Expectra (Intérim, CDD et CDI) de profils bac + 2 à bac + 5.




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