Quick commerce : Flink placé en redressement judiciaire en France


La descente aux enfers du quick commerce se confirme. La filiale française du livreur de courses rapides Flink, qui emploie plusieurs centaines de salariés, a été placée ce lundi en redressement judiciaire.

La société mère allemande, qui a atteint les 400 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2022, avait récemment déclaré qu’elle espérait atteindre la rentabilité fin 2024. Mais la start-up a « décidé de quitter le marché français », où elle était présente depuis deux ans, pour des « motifs essentiellement réglementaires », a expliqué à l’AFP sa direction.

Ce faisant, elle fait place nette à son concurrent turc Getir, dont la filiale française a récemment elle aussi été placée en redressement judiciaire, mais qui devient désormais le seul acteur du « quick commerce » à souhaiter poursuivre son activité dans l’Hexagone.

Coup dur réglementaire

Le « quick commerce », ce secteur de la livraison rapide de courses à domicile, s’est implanté en France à la faveur des confinements sanitaires, au plus fort de la pandémie de Covid-19. Leur modèle repose sur des mini-entrepôts (des « dark stores ») disséminés dans les villes denses afin de répondre à la promesse de rapidité. Une fois la commande passée, la livraison est effectuée au plus vite à vélo électrique ou en scooter.

Cajoo, Gorillas, Flink, Dija, Getir, Zapp, Yandex… Les grandes villes ont vu se multiplier les acteurs qui ont mené l’offensive afin de fidéliser leur clientèle. Malgré d’importantes levées de fonds, une grande partie d’entre eux ont depuis jeté l’éponge. D’autres se sont fait racheter, comme Gorillas, qui a été croquée par son concurrent Getir. Pour sa part, Flink avait racheté son concurrent français Cajoo en mai 2022.

Outre un contexte macroéconomique incertain et un modèle économique parfois difficile à tenir, le secteur a récemment encaissé un nouveau coup dur : en septembre dernier, le gouvernement a décidé que ces « dark stores » devaient être considérés comme des entrepôts logistiques, et ce même s’ils disposent de points de retrait.

Cette décision donne la possibilité aux collectivités locales de réguler ou d’interdire cette activité. Or le secteur est vivement critiqué par les élus qui dénoncent l’arrivée de « villes-entrepôts », des nuisances pour les riverains, voire le développement de « l’économie de la flemme ».

« L’objectif est de trouver un repreneur »

Actuellement, Flink utilise 19 « dark stores » dans 9 villes en France et « environ deux tiers de cette activité est exploitée depuis des commerces », a précisé le directeur général de Flink France, Guillaume Luscan. « Notre modèle fonctionne à partir du moment où on est proche de nos clients » et, avec la nouvelle réglementation, « ce n’est plus possible », a regretté le directeur général qui a précisé que « l’objectif est de trouver un repreneur ».

Fin avril, le quotidien économique britannique « Financial Times » affirmait, sur la foi de sources proches du dossier, que des discussions étaient en cours concernant un rachat par le groupe Getir de son concurrent allemand Flink.

Interrogé alors par l’AFP, Getir n’avait pas souhaité commenter. Lundi, Flink France a pour sa part déclaré « avoir été concentré sur la préparation du dossier de redressement judiciaire ». « On était en train de construire un modèle pérenne », avec notamment Carrefour comme « investisseur et partenaire-clé », s’est désolé Guillaume Luscan.



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