Sexe et politique : quelle évolution depuis #MeToo ?


VIDÉO. Si les hommes politiques saluent la libération salutaire de la parole des femmes, beaucoup vivent désormais avec la crainte d’une dénonciation calomnieuse.






Par Nathalie Schuck


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Le pouvoir politique, on le sait, a toujours été considéré comme un puissant aphrodisiaque et les secrets d’alcôve des présidents successifs de la Ve République ont longtemps fait les délices de la presse people, de l‘accident de voiture de Valéry Giscard d’Estaing au petit matin à « l’heure du laitier » après une soirée en bonne compagnie à François Mitterrand et sa deuxième famille en passant par François Hollande amenant les croissants à Julie Gayet en casque de motard. Plus récemment, c’est le ministre Bruno Le Maire qui a osé coucher – si l’on ose dire – sur le papier ses fantasmes particuliers dans son dernier roman, Fugue américaine, au risque de se fâcher avec une partie de l’électorat féminin. Car désormais, les gauloiseries et les blagues salaces ne sont plus les bienvenues en politique, loin de l’époque où Jacques Chirac se permettait de trinquer « à nos femmes, à nos chevaux et à ceux qui les montent »…

Depuis la vague #MeToo qui a déferlé à la fin des années 2000, la parole des femmes s’est libérée de façon salutaire et tous les partis politiques ou presque se sont dotés de cellules de veille pour traquer les prédateurs sexuels. L’actualité politique récente a été marquée par les affaires de l’éphémère ministre Damien Abad ou d’Adrien Quatennens, ancien numéro deux de La France insoumise. Ce 24 mai est sorti en librairie Sexus diabolicus. La revanche des femmes ? aux éditions Albin Michel, des journalistes Marie-Christine Tabet et Christophe Dubois, suite du best-seller, Sexus politicus, vendu à 250 000 exemplaires après sa parution choc en 2016. Cet ouvrage se pose la question de savoir comment les hommes politiques se sont adaptés à cette évolution bienvenue, mais qui connaît également des excès et des ratés.

Les auteurs alertent notamment sur le danger de tout mélanger en mettant sur le même plan violeur, dragueur lourd et cavaleur au risque de fragiliser le principe de la présomption d’innocence. Le livre évoque notamment le cas de l’ancien patron des Verts Julien Bayou, contraint de démissionner après avoir été accusé de violences psychologiques par une ancienne compagne, accusations relayées en direct à la télévision par l’écoféministe Sandrine Rousseau, sans qu’il y ait eu de suites judiciaires.

Nous avons interrogé, il y a quelques semaines, des responsables politiques, jamais mis en cause, pour savoir comment ils s’étaient adaptés. Un ancien candidat à l’Élysée nous a ainsi expliqué avoir demandé à son équipe de ne plus lui caler de rendez-vous seul avec une femme. Un dirigeant de droite nous a confié, pour sa part, qu’il laisse toujours la porte de son bureau ouverte lorsqu’il est avec une femme. Et un ancien ministre sarkozyste nous a même lancé : « Qu’est-ce qui empêche une femme de dire que je l’ai coincée dans un ascenseur ou que je lui ai mis une main au c… ? » En clair, si tous se félicitent de la libération de la parole, beaucoup ont peur désormais d’être un jour victimes d’une dénonciation calomnieuse ou d’un piège politique tendu par un adversaire.




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