« S’il me rencontrait, Bruno Retailleau serait fan de moi »




Alors qu’il s’était rendu au Qatar pour affaires au début de cette année, Omar Ben Laden s’y retrouve désormais coincé, n’ayant plus le droit de revenir en France où il est installé avec son épouse depuis 2016, en Normandie. Conséquence d’une interdiction administrative de territoire prononcée le 8 octobre par le nouveau ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, après la publication en 2023 « sur ses réseaux sociaux de propos relevant de l’apologie du terrorisme ».

Le point du soir

Tous les soirs à partir de 18h

Recevez l’information analysée et décryptée par la rédaction du Point.

Merci !
Votre inscription a bien été prise en compte avec l’adresse email :

Pour découvrir toutes nos autres newsletters, rendez-vous ici : MonCompte

En vous inscrivant, vous acceptez les conditions générales d’utilisations et notre politique de confidentialité.

Le 2 mai de cette année-là, jour anniversaire de la mort d’Oussama Ben Laden, un message posté sur X via le compte @omarbinladin1 rendait en effet hommage à l’ancien chef d’Al-Qaida. Deux mois plus tard, Omar Ben Laden était interpellé par le GIGN à son domicile de Domfront-en-Poiraie (Orne) puis interrogé par les enquêteurs. Malgré les dénégations du quadragénaire, une obligation de quitter le territoire français (OQTF) était alors prise à son encontre dans la foulée.

À LIRE AUSSI Omar ben Laden : le tweet de la discorde, du Yémen à la NormandieLe quatrième fils d’Oussama Ben Laden continue de réfuter avec force tout lien avec le fameux tweet, dont l’auteur aurait usurpé son identité. En outre, le message aurait été posté depuis le Yémen… où Omar Ben Laden assure n’avoir jamais mis les pieds ! Depuis le golfe Persique, l’artiste peintre, qui rappelle avoir totalement rompu avec son père avant même les attentats du 11-Septembre, a accepté de répondre à nos questions par visioconférence après une déclaration liminaire. « Je pense qu’il y a eu une incompréhension. Je ne comprends pas pourquoi je ne peux pas revenir en France. Je n’ai jamais supporté le terrorisme, j’ai toujours été contre toute forme de violence. Moi, je suis du côté de la paix ! J’aime les Français, j’ai de nombreux amis en France. J’y suis très heureux, et j’espère pouvoir revenir bientôt. »

Le Point : Avez-vous écrit le fameux tweet ?

Omar Ben Laden : Non, ce tweet n’était pas de moi. Quelqu’un l’a écrit en utilisant mon nom. Ce n’est même pas mon compte ! D’ailleurs, ce message n’a pas été posté depuis la France ! Je regrette qu’on m’attribue des propos qui ne sont pas de moi. Je suis quelqu’un de paisible, tranquille, je veux être en paix avec les gens. Je crois en plus que l’auteur de ce tweet faisait avant tout référence à mon père pendant la guerre contre la Russie, et à cette époque, il était plutôt bien considéré par le monde occidental. C’était même un héros pour beaucoup, en Angleterre, aux États-Unis… À aucun moment, il ne se réfère aux attentats du 11-Septembre ou au terrorisme. Certains l’ont interprété comme ça alors que ça n’est pas du tout le cas ! De mon côté, je ne parle jamais de politique, de violence, de terrorisme, je ne parle que de ma peinture. C’est ma seule activité : être un artiste.

Qu’avez-vous fait après avoir pris connaissance de ce message et quelles ont été les conséquences pour vous ?

Quand j’ai découvert ce tweet, j’ai tout de suite eu peur qu’il y ait une incompréhension. J’ai demandé à l’auteur de l’enlever, sans succès. Du coup, j’ai essayé de le faire supprimer, mais ça n’a pas été possible non plus car je n’ai pas accès au compte, je n’ai pas le mot de passe. On a tout essayé ! Depuis, je me suis retiré des réseaux sociaux, je ne m’occupe que de mes affaires, je n’aspire qu’à être un artiste professionnel, accepté par la société française.

Que faites-vous de vos journées au Qatar ?

J’essaie de gérer mes affaires comme je peux, de peindre, de profiter un peu de la vie, de la nature, faire du cheval, passer du temps avec des amis.

Ça me brise le cœur de ne pas pouvoir revenir en France !

Espérez-vous rentrer en France rapidement ?

Oui, j’aime ma vie en France ! C’est le pays qui m’a accueilli, qui m’a accepté. Je ne peux pas être heureux d’être loin de la France, ça me brise le cœur de ne pas pouvoir revenir ! On m’en empêche alors que la France est devenue mon pays, et j’aime les Français ! J’ai de bons souvenirs ici, et beaucoup d’amis. J’y suis reconnu comme artiste. Je suis très triste, et j’espère que quelqu’un de haut placé finira pas voir la vérité et qu’on pourra régler ce problème.

Si vous aviez face à vous le ministre français de l’Intérieur, que lui diriez-vous ?

Je lui dirai de bien analyser toute la situation, de m’autoriser à venir le rencontrer pour que je puisse lui expliquer, et je suis certain qu’à la fin de la journée, il sera même fan de moi ! Je l’invite à entrer en contact directement avec moi, ça sera la meilleure façon pour se rendre compte que ce que l’on raconte sur moi en ce moment n’est pas du tout la réalité. Je n’ai rien à voir avec ce que mon père a fait. Je l’ai quitté en 1999, lorsque je suis définitivement parti d’Afghanistan, mon pays d’origine. Depuis, j’ai voyagé paisiblement partout dans le monde et maintenant je n’espère qu’une chose, revenir en France et organiser une exposition de peintures à Paris dans les prochaines semaines.




Lien des sources