Spotify réforme à son tour son modèle de rémunération des ayants droit


Publié le 21 nov. 2023 à 18:52Mis à jour le 21 nov. 2023 à 18:55

C’est bientôt de la fin de l’époque où les plateformes de streaming rémunéraient chaque écoute d’un titre de la même manière, suivant les règles du modèle d’origine du secteur, dit « market centric ». Alors que le Français Deezer a dévoilé en septembre un nouveau modèle de rémunération, « artist centric », le leader mondial du streaming musical, Spotify, annonce à son tour, dans un communiqué ce mardi, plusieurs ajustements de taille à ses règles de rémunération. Une mise à jour qui vise à « mieux soutenir ceux qui dépendent le plus des revenus du streaming pour en vivre », selon le groupe.

L’inflation du nombre de titres présents sur les plateformes (plus de 100 millions sur Spotify), appelés à être encore plus nombreux grâce à l’IA, la place prise par la musique d’ambiance dans les écoutes et la manipulation frauduleuse des streams ont réduit la proportion des revenus attribués aux artistes professionnels et aux labels. Depuis le début de l’année, certains acteurs du secteur musical, dont le leader de la musique enregistrée Universal Music Group, mènent campagne auprès des plateformes pour faire évoluer le cadre face à ce que certains perçoivent comme un détournement de valeur par de la fausse musique.

Les nouvelles règles fixées par Spotify veulent apporter des réponses à certains de ces problèmes. Principale nouveauté, à partir de début 2024, les chansons devront dépasser 1.000 écoutes en 12 mois pour générer des royalties. Plusieurs dizaines de millions de titres sont actuellement en dessous de ce seuil selon l’entreprise, générant chacun en moyenne 0.03 dollar par mois.

Un milliard de dollars reversés

Une somme en général trop faible pour que les labels, qui doivent payer des frais bancaires pour les transactions et imposent un montant minimum de retrait aux ayants droit, la redistribuent aux artistes. En écartant ces morceaux de la redistribution de revenus, Spotify n’empochera pas d’argent supplémentaire, mais augmentera d’autant les sommes reversées à ceux qui dépassent le seuil. C’est aussi une manière de limiter les possibilités de profiter du système en inondant la plateforme de titres, selon l’entreprise.

La plateforme renforce également sa lutte contre les faux streams, en sanctionnant les fautifs. A partir du début de l’année prochaine, « nous commencerons à faire payer les labels et distributeurs par chanson quand du faux streaming flagrant est détecté sur leurs contenus », annonce le communiqué.

Enfin, pour contrer ceux qui tentent de jouer avec le système en diffusant des bruits blancs, des enregistrements de pluie ou de machine à laver, afin d’empocher des royalties, Spotify accroît à deux minutes (contre 30 secondes aujourd’hui) la durée minimale des chansons de musique fonctionnelle requise pour qu’elles puissent donner lieu à rémunération. Spotify prévoit aussi de travailler dans les mois à venir avec des détenteurs de licences à une moindre rémunération des bruits, par rapport à l’écoute musicale.

Selon Spotify, ces nouvelles mesures permettront de rapatrier un milliard de dollars supplémentaires en 5 ans au bénéfice des artistes professionnels et émergents. Le groupe rappelle avoir déjà redistribué plus de 40 milliards de dollars à l’industrie musicale.



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