Train : la Deutsche Bahn confie à l’espagnol Talgo une partie de sa flotte


En apparence, la Deutsche Bahn fait une infidélité à Siemens, son fournisseur historique de trains rapides, en commandant 53 nouvelles rames longue distance à l’espagnol Talgo, pour un montant de 1,4 milliard d’euros. Achat également assorti de 17 autres trains en faveur de Siemens Mobility, qui a déjà reçu un précédent contrat de 43 trains début 2022, pour 1,5 milliard d’euros.

Mais l’infidélité n’est qu’apparente, et les marchés ne sont pas les mêmes. Hors Espagne, Talgo n’est pas encore un poids lourd de la très grande vitesse de la gamme des TGV français ou des ICE allemands. Il livrera en l’occurrence des convois roulant au maximum à 230 km/h, y compris sur des lignes non électrifiées, ce qui est déjà beaucoup par rapport aux Intercity 2 qu’ils remplaceront, fournis par Bombardier et plafonnés à 160 km/h.

Pas de concurrence avec les TGV

Les nouvelles rames, livrables à partir de 2026, sont destinées à des lignes domestiques ou internationales, vers les Pays-Bas, l’Autriche et le Danemark. Ces trains labellisés ICE L (en référence au plancher de plain-pied par rapport au quai) offrant 562 sièges seront composés d’une locomotive et de 17 voitures. Pour des missions très différentes des ICE à grande vitesse de la DB, en service depuis 1991 et actuellement à leur quatrième génération.

Pour ce marché spécifique, qui avait donné lieu à un appel d’offres élargi dès 2015 _à la manière des futurs Intercités de la SNCF attribués à l’espagnol CAF plutôt qu’à la SNCF_ Talgo était en bout de course le seul ayant répondu à l’appel d’offres. En septembre 2022, le transporteur public avait sélectionné l’espagnol pour dessiner « le train allemand du futur », répondant à cet appel à projet d’une centaine de rames potentielles. Une première commande de 23 trains ICE L aidant à concrétiser ces nouvelles relations ibérico-germaniques.

Technologie particulière

Talgo, l’un des exposants du dernier salon professionnel de Berlin (Innotrans) en septembre 2022, propose une technologie originale, basée sur des bogies intermédiaires entre chaque voiture et un seul essieu, permettant un centre de gravité surbaissé.

Avec la totalité des nouveaux trains attendus (les 53 pour Talgo et les 17 attendus de Siemens), qui devront être livrés entre 2026 et 2030, l’âge moyen de la flotte allemande passera de 18 à 12 ans, selon un communiqué de la DB. Ils ajouteront en tout 39.000 sièges supplémentaires à sa flotte ICE.

Mais avant de gagner du temps, ces prochaines années, les passagers allemands vont faire face à de multiples contraintes d’exploitation synonymes de ralentissements, avec de nombreux chantiers de renouvellements de voies et des traverses sous les rails. Début 2022, la Deutsche Bahn avait déjà annoncé un investissement record de 13,16 milliards d’euros pour rénover et élargir le réseau.



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