U-Space construit une usine de microsatellites à Toulouse


Publié le 21 nov. 2023 à 8:31

C’est une première : la start-up toulousaine U-Space construit une usine de nano et microsatellites de 4 à 100 kg avec l’objectif d’en fabriquer un par jour en 2026 ! Après avoir construit son premier astronef au Centre national d’études spatiales (CNES), la jeune entreprise aménagera d’ici à mars 2024 une usine de 1.000 m2 dans le bâtiment d’innovation aérospatiale B612, où est hébergé l’institut de recherche technologique Saint-Exupéry, à Toulouse.

« Personne dans le monde n’a encore démontré sa capacité à fabriquer des microsatellites en série », souligne Fabien Apper, président de U-Space, qui ne précise pas le montant de l’investissement. « Nos clients opérateurs doivent réduire le coût des satellites pour avoir un modèle économique rentable. Nous leur proposons donc des astronefs hautement miniaturisés à un coût r éduit d’au moins 50 % grâce à l’industrialisation. » Actuellement, un microsatellite professionnel coûte plus d’un million d’euros, hors lancement.

Ce jeune diplômé de Supaero a fondé l’entreprise en 2018 avec Antoine Ressouche (Enac) et Nicolas Humeau (Mines Nantes). Ils ont travaillé ensemble au CNES sur le nanosatellite universitaire d’astronomie EyeSat de 4 kg, avant de créer U-Space. La start-up a fabriqué pour le CNES le nanosatellite Ness de 5 kg, qui détecte les brouilleurs de signaux de positionnement, lancé en octobre.

Cette vitrine technologique lui a permis de remporter sept contrats de nanosatellites précurseurs de constellations en orbite basse. L’entreprise rennaise Unseenlabs lui a commandé un premier astronef pour la localisation des bateaux. A Lille, Grasp a acheté le premier astronef d’une constellation de détection des aérosols. Dans un programme de démonstration de France 2030, U-Space fabriquera, au sein d’un consortium avec Syrlinks, Anywaves, Comat et Microtec, un astronef qui améliorera la précision du GPS pour les voitures autonomes. Il a remporté un satellite de démonstration pour l’agence spatiale allemande DLR, etc.

Durée de vie de huit ans

« Nous avons développé un savoir-faire de maître d’oeuvre de microsatellites de haute performance en orbite basse qui fonctionnent jusqu’à huit ans, affirme Fabien Apper. Ça nous différencie de nos concurrents européens qui visent une durée de cinq ans ou moins. »

Le constructeur développe trois modèles de satellites de 10, 20 et 100 kg, achète la charge utile et l’intègre sur ses plateformes de 10 à 60 cm de côté. Il sous-traite l’usinage des pièces et effectue la conception, l’assemblage et les tests.

Les satellites précurseurs des constellations seront fabriqués artisanalement. Mais l’entreprise aura une ligne d’assemblage en série équipée de bras robotisés et d’outils connectés pour construire les astronefs suivants plus vite et moins cher. « Nous réduirons aussi le nombre de tests de fonctionnement, en qualifiant les procédés plutôt que les satellites », explique Fabien Apper, qui a levé 7 millions d’euros en 2022. En un an, il a doublé son effectif à 60 salariés, et prévoit 100 personnes dans un an avec la production.

L’objectif de fabriquer un microsatellite par jour est très ambitieux, tout comme celui d’atteindre un chiffre d’affaires de 50 millions d’euros en 2025, contre 2 millions en 2022. Le dirigeant mise sur la croissance du marché des constellations en orbite basse. Selon Euroconsult, 26.100 satellites de moins de 500 kg seront mis en orbite entre 2023 et 2032.

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