un nouveau médicament réduit de moitié le risque de décès


Des études présentées lors du congrès de l’Asco (Société américaine d’oncologie clinique), à Chicago, donnent des résultats encourageants dans la lutte contre plusieurs cancers.






Par Marc Payet


Le laboratoire AstraZeneca a produit un medicament qui reduit de moitie le taux de mortalite chez les patients atteints d'un cancer du poumon.
Le laboratoire AstraZeneca a produit un médicament qui réduit de moitié le taux de mortalité chez les patients atteints d’un cancer du poumon.
© – / Northwestern Medicine / AFP

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L’heure du bilan a sonné pour la grand-messe de la cancérologie mondiale. Le congrès de la Société américaine d’oncologie clinique prend fin ce lundi 5 juin à Chicago. Il a réuni 43 000 experts venus du monde entier pour assister à une édition 2023 marquée par des annonces importantes. En particulier dans le domaine du cancer du poumon, qui provoque 1,8 million de décès dans le monde, souvent liés au tabagisme. En France, 46 000 nouveaux cas sont détectés chaque année, avec un total très important de 33 000 décès par an.

À LIRE AUSSICancer du poumon : 2 à 3 fois plus de dépistages positifs chez les femmes « Une des annonces les plus significatives concerne les résultats de l’essai clinique Adaura, dans le domaine du cancer du poumon. Les gains en matière de survie sont saisissants », souligne, ce lundi, en direct de Chicago, le Pr Jean-Yves Blay, président d’Unicancer et directeur général du Centre Léon Bérard (Lyon).

Un traitement prometteur contre le cancer du poumon

Cet essai clinique a été mené dans 26 pays, sur 682 patients qui souffrent de cancer du poumon localisé, non à petites cellules, et sans métastases. Après une chimiothérapie, les patients ont été soit traités par le médicament osimertinib (développé par le laboratoire AstraZeneca, sous le nom de marque Tagrisso), soit ont reçu un placebo. 88 % des malades traités avec la molécule osimertinib étaient toujours en vie cinq ans après le début du traitement, contre 78 % des patients sous placebo. La prise de l’osimertinib a entraîné une réduction de 51 % du risque de décès pour les patients traités par rapport au placebo.

« Cette publication fait grand bruit, à juste titre. Réduire de moitié le risque de décès à cinq ans, c’est un résultat spectaculaire », ajoute le Dr Muriel Dahan, directrice Recherche et développement d’Unicancer. L’osimertinib est déjà autorisé dans des dizaines de pays et a été prescrit à quelque 700 000 personnes, selon un communiqué d’AstraZeneca. Son autorisation aux États-Unis en 2020 dans le traitement du cancer du poumon s’appuyait sur de précédentes données. Elles avaient déjà montré une amélioration de la survie des patients sans récidive du cancer. Mais de nombreux médecins attendaient les données concernant la survie globale des patients. C’est chose faite.

Des résultats spectaculaires

Le congrès de la Société américaine d’oncologie clinique a également permis de rendre publiques des avancées dans le domaine du cancer des ovaires. « Il est redoutable car la survie à cinq ans est de moins de 20 %. Jusqu’à présent, la chirurgie est la pierre angulaire du traitement », explique ce lundi le Pr Jean-Marc Classe, chef de service de chirurgie oncologique à l’Institut de cancérologie de l’Ouest (Nantes), également présent à Chicago.

L’étude qu’il a présentée à l’Asco est intitulée CHIP, ce qui signifie « chimio hyperthermie intrapéritonéale ». « L’hypothèse d’efficacité de la CHIP porte sur le traitement spécifique du péritoine, la membrane qui tapisse la cavité abdominale avec des concentrations locales importantes de chimiothérapie, associées aux effets de l’hyperthermie », précise-t-il ce lundi au congrès de l’Asco. Elle a été menée sur 415 patientes dans des centres de lutte contre le cancer, dans des CHU, en France, mais aussi dans des hôpitaux en Belgique et en Espagne. « Les résultats sont spectaculaires ! La survie globale, sans récidive, des patientes est repoussée, en moyenne, d’une année par rapport aux traitements standards », précise le Pr Jean-Marc Classe.

À LIRE AUSSIPalmarès des médecins experts : l’enquête qui vous aiguilleDes résultats également encourageants ont été communiqués sur le cancer du rectum. « Nous avons une amélioration de 7 % de la survie, cela n’avait pas été annoncé depuis 1997 », se félicite le professeur d’oncologie médicale Thierry Cormoy, de l’Institut de cancérologie de Lorraine. L’étude « Prodige 23 », promue par Unicancer, qu’il a présentée, « inclut 460 patients, avec des tumeurs avancées du rectum. Dans cette situation, depuis plus de vingt ans, la radiothérapie diminuait le risque, mais il existait des métastases dans 25 % des cas. Nous avons choisi de faire une chimiothérapie intensifiée en début de traitement. On a détruit les micro-métastases beaucoup plus intensément. Les symptômes ont disparu beaucoup plus rapidement qu’avec le traitement standard. La qualité de vie des patients s’est améliorée », ajoute-t-il.

Parmi les pistes d’avenir, le Pr Jean-Yves Blay, président d’Unicancer, estime, après les différentes publications présentées lors de ce congrès, que « les anticorps conjugués sont une tendance lourde ». Surnommés aussi les « GPS » du cancer, en référence au système de navigation des voitures, ces anticorps permettent de guider très précisément la molécule vers la tumeur ciblée. « La recherche au cours des deux ou trois prochaines années va être très importante dans ce domaine, notamment dans le domaine du cancer du sein », avance encore le Pr Blay. Plus que jamais, la lutte contre le cancer n’est plus uniformisée. Elle se fait de plus en plus à la carte, en fonction de chaque patient, et de l’identité génétique des tumeurs.




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