une étude révèle une « persistance inattendue »


Une persistance des molécules de pesticides dans les sols de France a été observée par des scientifiques, dans le cadre d’une étude. 






Par M.R. avec AFP


Les molecules les plus frequemment detectees sont le glyphosate, l'herbicide le plus utilise dans le monde, et l'AMPA, son metabolite principal (residu degrade), respectivement << presents dans 70 % et 83 % des sols preleves >>.
Les molécules les plus fréquemment détectées sont le glyphosate, l’herbicide le plus utilisé dans le monde, et l’AMPA, son métabolite principal (résidu dégradé), respectivement « présents dans 70 % et 83 % des sols prélevés ».
© STRINGER / ImagineChina / Imaginechina via AFP

Premium Lecture audio réservée aux abonnés


Un phénomène inquiétant. Des scientifiques de l’institut de recherche Inrae en collaboration avec l’université de Bordeaux ont mené une étude visant à évaluer la contamination par les pesticides de près d’une cinquantaine de sols, prélevés dans toute la France métropolitaine. Le résultat de cette étude a mis en lumière un résultat pour le moins alarmant. En effet, les recherches ont révélé la « persistance inattendue » de résidus de pesticide dans la quasi-totalité des 47 sites étudiés, de 2019 à 2021.

Les scientifiques ont recherché 111 substances sur ces 47 sites. Résultat : « 98 % des sites étudiés présentent au moins une substance. Au total, 67 molécules différentes ont été retrouvées, majoritairement des fongicides et des herbicides », selon cette étude publiée récemment dans la revue Environmental Science & Technology.

À LIRE AUSSIClimat : quid de la « pause réglementaire européenne » de Macron ?

Ces travaux « démontrent une persistance inattendue des molécules de pesticides dans l’environnement, bien au-delà de leur temps de dégradation théorique et à des concentrations supérieures à celles escomptées », selon les chercheurs, qui soulignent dans un communiqué « un besoin accru de surveillance des sols ».

Cultures, prairies permanentes et même forêts

Les parcelles de grandes cultures (céréales, oléagineux…) « sont les plus contaminées, avec jusqu’à 33 substances différentes retrouvées dans un seul site, et une moyenne de 15 molécules dans les sols ».

« Plus inattendu, dans les sols sous forêts, prairies permanentes, en friche ou en agriculture biologique depuis plusieurs années, plus de 32 pesticides différents ont été détectés, à des concentrations majoritairement plus faibles que pour les sites en grandes cultures », poursuivent-ils.

Les molécules les plus fréquemment détectées sont le glyphosate, l’herbicide le plus utilisé dans le monde, et l’AMPA, son métabolite principal (résidu dégradé), respectivement « présents dans 70 % et 83 % des sols prélevés ».

Un « risque majeur pour les vers de terre »

Des fongicides, utilisés contre des champignons et moisissures dans les champs de céréales, sont également retrouvés dans « plus de 40 % des sites », tout comme des insecticides de la famille des pyréthrinoïdes, dont certains « peuvent être utilisés en agriculture biologique ». Le temps de dégradation théorique de 90 % des concentrations initiales des substances est estimé à 170 jours pour le glyphosate, à 1 000 jours pour son métabolite AMPA et à plus de huit ans pour certains fongicides.

À LIRE AUSSIL’eau du robinet est-elle vraiment bonne pour notre santé ?Le « risque majeur estimé pour les vers de terre », acteurs essentiels de la santé des sols, « est dû aux insecticides et aux fongicides », selon l’étude. La contamination de l’environnement par les résidus de pesticides fait depuis longtemps l’objet d’une surveillance pour les milieux aquatiques et l’atmosphère, mais « ce n’est pas encore le cas pour les sols », soulignent les chercheurs, qui estiment qu’une surveillance accrue pourrait s’appuyer sur le Réseau de mesure de la qualité des sols de l’Inrae, qui regroupe 2 200 sites en France métropolitaine.




Lien des sources