la saga de l’évolution dans le génome de 240 mammifères


Dotées de pattes, de nageoires ou d’ailes, armées de griffes, de sabots ou de cornes, près de 6 500 espèces de mammifères, d’une prodigieuse diversité, peuplent la planète. Certaines foulent le sol quand d’autres fendent les flots ; certaines forent sous terre quand d’autres filent dans les airs. Des déserts aux régions polaires, elles se sont adaptées à tous les habitats, ou presque.

C’est que, depuis la naissance des tout premiers mammifères, il y a 220 millions d’années environ, l’évolution a pris le temps de ciseler ces créatures. Certes, face au million d’espèces d’insectes connues, les mammifères font pâle figure. Mais leurs divergences sont à la portée de notre œil. Depuis peu, elles se mesurent à l’aune d’une interminable molécule : l’ADN, qui, enroulé et compacté dans le noyau de chaque cellule, livre le mode d’emploi de la construction de chaque espèce.

L’ADN, ce grimoire où s’inscrit l’histoire de lointains ancêtres. Un consortium international, Zoonomia, a fait parler ces forces évolutives. Le 27 avril, il révélait, dans onze articles publiés par la revue Science, ses résultats de la comparaison des génomes de 240 mammifères. Renard arctique, singe à nez retroussé, lièvre d’Amérique, cerf du père David, aye-aye, fourmilier géant, paresseux à gorge brune, dauphin de l’Amazone, chauve-souris bourdon, baleine bleue… Une véritable arche de Noé, qui représente plus de 80 % des différentes familles de mammifères. La moitié des échantillons provenaient de la Wildlife Alliance du zoo de San Diego (Californie).

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Lancé en 2015, le projet Zoonomia regroupe plus de 150 scientifiques et 30 équipes à travers le monde. Il est coordonné par la généticienne Kerstin Lindblad-Toh et la bio-informaticienne Elinor Karlsson, toutes deux du Broad Institute (université Harvard). C’est l’une des dizaines de grandes initiatives visant à séquencer des génomes animaux. Le Vertebrate Genomes Project, par exemple, s’attaque aux génomes des 71 000 espèces vivantes de vertébrés. Et un autre consortium a annoncé, le 2 juin dans Science, avoir séquencé et comparé les génomes entiers de 233 primates.

Que peut-on attendre de ces ambitieux projets, souvent annoncés à grand bruit ? En révélant les régions du génome conservées au fil de l’évolution (partagées entre de nombreuses espèces), ou celles qui sont propres à une poignée d’espèces, ces comparaisons livrent « un traducteur évolutif extraordinaire », se réjouit Stanislas Lyonnet, directeur de l’institut Imagine à l’hôpital Necker (AP-HP, Inserm, université Paris Cité).

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